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ÉPREUVES MATERNELLES

enfant mystérieux qui tenait tant au cœur de sa patronne.

— C’est décidément une femme bien singulière, confia Mme Rougeard à son mari. Elle a l’air indifférent maintenant, alors qu’elle est revenue presque en larmes de Paris, il y a trois semaines.

— C’est que l’enfant se portait bien, conclut le magistrat, et la mère a donné ce prétexte, Mais en réalité, elle est peut-être allée supplier son mari de reprendre la vie commune.

Ce mystère agitait Mme Rougeard et elle y pensait sans cesse, cherchant les occasions de converser avec Marie. Elle n’obtenait plus aucun succès. La servante ne se prêtait nullement à ses avances, et son ton était aussi déférent que bref.

Alors, il arriva que sa maîtresse qui la plaignit d’abord beaucoup, l’accusa de manquer de sentiments maternels. Elle qui déplorait de n’avoir pas d’enfants, elle ne pouvait comprendre qu’une mère se détachât du sien.

Elle traita Marie avec plus de sécheresse, mais celle-ci ne s’en aperçut pas. Toute à son rêve intérieur, elle vivait mécaniquement, et il aurait fallu pour la tirer de cet état hypnotique, des événements plus sensationnels qu’un changement d’attitude.