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Il fut assez surpris de ce revirement. Il avait cru porter un grand coup, et il s’apercevait que nulle trace n’en subsistait.

Denise se complaisait dans sa solitude et elle pensait que cette période durerait quelque temps. Mais un jour, Paul Domanet lui signifia que son abstention avait assez duré et qu’elle eût à reprendre ses visites.

Denise se rebella. Elle voulait s’occuper de son fils, ne pas le laisser à des mains mercenaires.

— Personne n’en aura soin que moi !… s’écria-t-elle en étendant les mains, comme si elle voulait le protéger.

— Cessez cet enfantillage… dit posément Paul… dans votre situation mondaine, vous n’avez pas le temps de jouer à la bonne d’enfant.

— Je veux qu’on me laisse mon fils !… gémit Denise.

— Qui parle de vous l’enlever ?

— Ses soins ne regardent que moi !…

— Vous aurez la haute main sur les domestiques.

— Je ne veux pas l’abandonner, cria Denise révoltée, avec de l’indignation dans les yeux.

Elle défiait son mari, se sentant soudain puissante de toute sa maternité.

Domanet la contempla un moment. Parce qu’il ne ripostait pas, elle le crut vaincu et elle fut soulagée. Elle respirait plus librement, quand la voix incisive de son mari dit froidement :

— C’est fort bien… Puisque vous ne voulez pas obéir à mes injonctions, je vais faire élever cet enfant au loin… afin de vous permettre de reprendre votre place dans le monde.

Denise fut terrifiée. Son mari lui sembla le maître le plus odieux qui fût.

Elle se soumit avec des sanglots désespérés où montait une rancune.

Lui, se montrait satisfait. Il était fier d’avoir maté la femme et la mère.

Les réceptions reprirent.

Si Paul Domanet avait aliéné sa liberté, il en était dédommagé par une publicité qui en faisait une vedette. On parlait de lui, de ses fêtes, de sa fortune, de son luxe et on vantait la grâce de sa compagne. Elle était embellie par de riches toilettes et par des