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Lusace. Son père le laissa se développer sans contrainte ; il montra dès l’enfance de la facilité à tout saisir, de l’originalité et de la constance dans ses résolutions. Son père lui apprit à lire et lui expliquait les passages de l’Écriture sainte ; bientôt il fut chargé de faire pour la famille la lecture des prières du soir et du matin, et son père le voyait déjà revêtu de la dignité de pasteur du village.

Un jour (il avait alors sept ans) son père lui acheta l’Histoire populaire de Siegfried le cornu. Jusqu’alors il n’avait lu que la Bible et le Catéchisme. Ce livre excita tellement son intérêt qu’il se dégoûta de toutes ses autres études, ce dont il fut sévèrement puni. Il résolut de se séparer de son livre afin de rentrer dans la bonne route. Il le prit et le lança courageusement dans le ruisseau qui passait tout près de la maison paternelle. Cependant quand il vit le pauvre Siegfried emporté par les flots, il ne put s’empêcher de pleurer à chaudes larmes. Le père qui survint alors et auquel l’enfant ne fit pas connaître les motifs de son action, punit durement le petit philosophe. Pour la première fois alors, Fichte apprit combien les hommes jugent injustement des actions généreuses, lorsqu’ils en ignorent les motifs. Plus tard il eut encore plusieurs occasions de voir se confirmer cette première observation.