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les systèmes suivants : que l’ensemble de l’humanité est une masse de forces aveugles, ou absolument inertes ou luttant entre elles irrégulièrement et en désordre ; que cette stagnation doit faire place au mouvement, non à un mouvement irrégulier, mais bien à un mouvement dirigé vers un but déterminé. Que rarement, et à mille ans d’intervalle, apparaissent des esprits destinés à imprimer une direction à cette masse, que Charlemagne en avait été un, et que lui venait ensuite ; que les inspirations de ces esprits étaient les seules inspirations véritablement divines et saintes, les premiers principes du mouvement du monde ; que pour elles on devait sacrifier tous les autres buts, mettre en mouvement toutes les forces, et se saisir de chaque vie ; que s’opposer à un tel mouvement était une révolte contre les lois suprêmes du monde. Il pensait que cette nouvelle loi était manifestée en lui dans le nouvel ordre de choses qu’il voulait introduire dans le fait de la civilisation, et faire plier sous sa domination : la première condition de cet ordre est, pour le présent, la liberté des mers, à ce qu’il dit, mais au fait la souveraineté des mers entre ses mains. Pour atteindre ce but indiqué par la loi du monde, tout le bonheur de l’Europe doit être sacrifié, tout son sang doit couler ; car il n’est sur cette