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Permettez-nous maintenant de jeter un coup-d’œil sur l’homme qui s’est placé à la tête de la nation française. Je vous ferai d’abord remarquer qu’il n’est point Français. S’il l’était, peut-être que des vues sociales, un certain respect pour l’opinion des autres, quelque estime pour autre chose que pour lui-même, se manifesteraient en lui ; peut-être que des faiblesses et des inconséquences bienfaisantes modifieraient son caractère. C’est, par exemple, ce que l’on observait chez Louis XIV, qui était à mon avis la production la plus détestable du caractère national français. Il appartient à ce peuple qui déjà, chez les anciens, était célèbre par sa barbarie ; qui, à l’époque où cet homme est né, était abruti par le plus dur esclavage ; qui, pour briser ses fers, avait soutenu une guerre de désespoir, et, à la suite de ces combats, fut asservi par un maître rusé, et frustré de la liberté. Les impressions, les sensations qu’il a dû éprouver dans un tel état de sa patrie, ont été les premiers moyens à l’aide desquels son intelligence s’est développée. C’est au milieu de la nation française qu’il reçut son éducation, au moment d’une révolution dont il put étudier tous les ressorts intérieurs ; il apprit bientôt à connaître cette nation, à la regarder comme une masse extrêmement mobile, susceptible de recevoir toutes les impul-