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nent pas leurs regards vers Dieu quand ils sont à leur aise. Ils se consolent en pensant que la providence divine connaîtra leurs vues pleines de sagesse et les suivra afin que tout arrive à bien. S’ils sont puissants, ils savent très-bien alléguer ce but que Dieu se propose. Si par de tels discours ils retiennent les hommes dans le sommeil du péché, (et malheureusement on les entend dans la chaire et ailleurs) ils s’imaginent alors être extrêmement pieux ; dans leur aveuglement ils prétendent même que l’on outrage le Seigneur, si l’on parle comme nous le faisons ici, et que l’on se moque d’eux.

Ils sont dans une erreur manifeste, ils sont complettement aveugles ; il n’y a aucune loi naturelle, aucune coïncidence matérielle des choses qui fasse que le bien nous arrive. C’est au moyen de notre liberté seulement que Dieu peut et veut nous donner le bien que nous désirons ; Dieu n’est pas une puissance de la nature, comme le pensent ces aveugles, mais il est un Dieu de liberté. La nature n’est qu’un reflet de la liberté générale, envisagée sous ce point de vue. Dieu s’est déjà donné à nous dans la liberté, il nous a donné son empire, et toute la plénitude de sa félicité ; il ne dépend que de nous d’en poursuivre en nous-mêmes le développement. Sans liberté nous sommes