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La faculté qu’il avait de retenir presque en entier les sermons du pasteur fixa l’attention du baron de Miltitz qui le demanda à ses parents pour le faire élever avec ses enfants. Il fut par ses soins placé chez un excellent pasteur du village de Niedereau.

À treize ans le jeune Fichte entra dans le collége de Schulpforta. Plus il avait été libre, plus il sentit de contrainte dans ses nouvelles relations. Il se trouva seul dans le monde, obligé de lutter contre toutes sortes d’obstacles. C’est dans ces circonstances qu’il faut chercher la raison de la clarté et de l’énergie de sa volonté, qui forment le caractère essentiel de son individualité.

Il ne pouvait s’accoutumer à la perte de sa liberté dans cet antique et sombre couvent. Il ne pouvait supporter de voir ses larmes et ses soupirs devenir un objet de dérision. Il résolut de fuir et de vivre dans la solitude et la liberté. La lecture de Robinson lui avait suggéré ce projet dont l’exécution lui paraissait facile. Il répugnait cependant à sa franchise de partir furtivement. Il déclara donc à son ancien (les anciens élèves étaient les patrons des plus jeunes) qu’il ne souffrirait pas plus longtemps ses mauvais traitemens, et qu’il fuirait. Il se mit en route pour Hambourg. En courant sur le chemin de Naumbourg, il se ressouvint de la recom-