Page:Feuerbach - Qu'est-ce que la religion ?,1850.pdf/453

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
441
L’ESSENCE DU CHRISTIANISME

Le Code pénal de Moïse dit déjà (III, 24, 15, 16) : « Quiconque aura péché contre les magistrats, sera puni par eux comme bon leur semblera : mais quiconque aura commis un crime contre Dieu, sera tué par des pierres, comme blasphémateur ; » et de même Deuteron. XIII, d’où l’Église catholique a inféré le droit (c’est-à-dire le devoir) de tuer les hérétiques. Cela dit aussi Boehmer (I. c. V, tit. VII, 44) : « Eos autem merito torqueri qui Deum nesciunt, ut impios, ut injustos, nisi profanus nemo deliberat : quum parentem omnium et dominum omnium non minus sceleris sit ignorare quam laedere, » dit Minuce Félix Oct. c. 35. — Et Cyprien (Epist. 73, édit. Gersdorf) dit : « Ubi erunt legis praecepta divinae quae dicunt : honora patrem et matrem, si vocabulum patris, quod in homine honorari praecipitur, in Deo impune violatur ? » — « Cur enim, cum datum sit divinitus homini liberum arbitrium adulteria legibus puniantur et sacrilegia permittantur ? an fidem non servare levius est animam Deo, quam feminam viro ? » demande saint Augustin (de correct. Donatist. lib. Bonifac. c. 5), et certes, la réponse n’est plus douteuse : parce que l’adultère est puni, le sacrilége (lisez blasphème) doit être puni aussi, car la fidélité que l’âme humaine doit à son fiancé céleste, est au moins quelque chose d’aussi grave que la fidélité d’une épouse pour son mari terrestre. Cette matière se prête encore à d’autres comparaisons ; ainsi, dit Paulus Cortesius (in sentent. Petri Lombard. III, Dist. 7): « Si illi qui nummos adulterant morte mulctantur, quid de ills statuendum censemus qui fidem pervertere conantur ? » — « Si enim illustrem ac praepotentem virum nequaquam exhonorari a quoquam licet, et si quisquam exhonoraverit, decretis legalibus reus sistitur et injuriarum auctor jure damnatur ; quanto utique majoris piaculi crimen est, injuriosum quempiam Deo esse ? semper enim per dignitatem injuriam perferentis crescit culpa facientis, quia necesse est, quanto major est persona ejus qui coutumeliam patitur, tanto major sit noxa ejus qui facit, » dit Salvien (de Gubern., VI, 218) : ce Salvien qu’on a bien voulu surnommer le grand-maître des évêques, le Jérémie de son siècle, l’écrivain très, le précepteur du monde chrétien (orbis christiani magistrum , scriptorem christianissumm, sui saeculi sereniam, magistrum episcoporum). Et enfin — pourquoi pas ? insulter à son père terrestre, est un crime, mais qu’est-ce en comparaison avec l’insulte faite au