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BIBLIOPHILIANA


Les uns font passer en revue devant moi tous les événements des siècles passés ; d’autres me dévoilent les secrets de la nature ceux-ci m’apprennent à bien vivre et à bien mourir ; ceux-là chassent l’ennui par leur gaîté, et m’amusent par leurs saillies. Il y en a qui disposent mon âme à tout souffrir, à ne rien désirer, et me font connaître à moi-même : en un mot, ils m’ouvrent la porte de tous les arts et de toutes les sciences ; je les trouve dans tous mes besoins.

Pour prix de si grands services, ils ne me demandent qu’une chambre bien fermée, dans un coin de ma petite maison, où ils soient à l’abri de leurs ennemis. Enfin, je les mène avec moi dans les champs, dont le silence leur convient mieux que le tumulte des cités…

(Lettre IV. — Trad. de M. Paccard.)

Il est vray qu’on voit de certaines gens qyi croyant sçavoir tout ce qui est écrit dans les Volumes qu’ils gardent à la maison. Et, lorsqu’on tombe sur quelque discours qui a esté traité par quelque grand homme : « J’ai, « disent-ils, ce livre dans mon étude, » croyant que cela suffit…

Mais il faut prendre une autre route que tu ne fais pour tirer quelque gloire de tes Livres ; c’est de les bien connoistre, et non pas seulement de les avoir. Il faut les commettre à ta mémoire plutost qu’à ta Bibliothèque, et les renfermer dans ta teste, et non pas dans un Armoire.

(Des Livres et des Bibliothèques. Entretien xxxvii. — Trad, de M. de Grenaille.)

Fgregios cumulare libros, prxclara supellex ; Ast unum uîilius volvere sape librum.