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II
–––––––C’est qu’elle, à l’insu du cheik,
–––––––Pour ce grave personnage
–––––––Sans égard, sans respect,
–––––––Elle aime, à l’insu du cheik,
–––––––Un Kabyle de son âge
–––––––À sa barbe, à son bec !
–––––––Il n’a pourtant, sur la terre.
–––––––De biens que son cimeterre,
–––––––Son burnous et son chibouk,
–––––––Pauvre pâtre de Mabrouk !…
–––––––Mais mieux elle aime, en sa tente,
–––––––Jeune berger que vieux roi,
–––––––Lui disant : « Rien ne me tente
–––––––» Rien, hors un baiser de toi ! »
–––––––––Que fait le vieux cheik
–––––––––Devant cet échec,
––––De voir, à sa barbe, aimer un blanc-bec ?
––––Il prend sa cavale et son bonnet grec,
–––––––––Et sa veste avec,
–––––––––Et salamalec !

Tous reprennent.

SOLIMAN.

Ah ! mais je la comprends, la chanson de ton pays !… La petite Kabyle, c’est toi !…

FATIME.

Et le vieux cheik, c’est vous !

OTTOKAR, railleur.

Dites donc, c’est vous, le vieux cheik !

SOLIMAN.

Ah ! c’est moi !… (Il appelle.) Huzka !

FATIME.

Vous voulez quelque chose ?

SOLIMAN.

Je veux Huzka !… (Éclatant.) Ah ! tu crois que je souffrirai qu’une petite Kabyle de rien du tout m’offense de