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LA RUINE

sur le point de finir avec le triomphe complet de l’Asie ; car toutes les forces de résistance que la civilisation gréco-latine avait opposées à l’absolutisme mystique de l’Orient étaient épuisées. L’Europe allait devenir un appendice de l’Asie… Quand, tout à coup, un autre adversaire se leva, bien autrement formidable que la culture gréco-latine, et parfaitement invincible : le christianisme.

Pendant la crise du troisième siècle, en même temps que le mithraïsme, le christianisme avait fait de grands progrès. Il s’était répandu dans tout l’Empire et dans toutes les classes ; il avait pénétré dans l’armée, dans le Sénat, dans la cour ; il avait conquis les pauvres et les riches, les ignorants et les gens cultivés ; il avait déjà fourni une production théologique abondante et profonde ; il avait constitué une hiérarchie simple mais solide, et fondée non sur la force, comme la hiérarchie impériale, mais sur la seule autorité.