Page:Ferrero – La ruine de la civilisation antique.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
DE LA CIVILISATION ANTIQUE

Sénat, et gouverna comme si celui-ci n’existait pas. Tout affaibli et déprimé qu’il fût, le Sénat ne l’était cependant pas au point de supporter sans réagir une pareille humiliation de la part d’un Thrace. Ce qui se passa alors à Rome n’est pas bien connu : on ne peut que le déduire à grand’peine des informations fragmentaires qui sont parvenues jusqu’à nous. Ce qui est certain, c’est que le Sénat nomma deux empereurs : Pupien et Balbin, le premier un soldat de grande valeur qui, parti de rien, était arrivé aux plus hauts grades ; le second, un sénateur d’intelligence médiocre, mais très estimé, et de haute lignée. Le mérite personnel et la noblesse de race étaient donc appelés par le Sénat à prêter ensemble leur appui à son autorité expirante. Un principe de légitimité a toujours besoin de la force pour se faire respecter ; mais il n’est pas dit que si ce principe et cette force entrent en conflit, ce soit toujours le premier qui doive fata-