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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

élevés. La vie de saint Augustin montre un peu plus tard, dans un cas célèbre, comment les esprits supérieurs finissaient par préférer la religion à la politique, l’Église aux fonctions publiques. Mais déjà au troisième siècle, de nombreux citoyens, que les lois destinaient à la gestion des affaires publiques, préféraient donner leurs biens à l’Église et se soustraire par la pauvreté aux lourdes responsabilités du pouvoir ; d’autres y échappaient par différents moyens dont quelques-uns seront par la suite déplorés par les empereurs chrétiens eux-mêmes ; le célibat, sanctifié par la religion, se généralise beaucoup plus qu’aux moments les plus critiques du monde païen. Mais plus encore que les emplois civils, l’armée souffrait de cette abstention systématique. Déjà dès le second siècle, le christianisme avait déclaré qu’il n’est pas permis d’être « homme d’épée », et que le « fils de la paix», qui ne doit même pas s’engager dans un procès, peut en-