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DE LA CIVILISATION ANTIQUE

intérêts politiques immédiats, il n’est pas douteux que le christianisme était une force de dissolution. À mesure que la crise du troisième siècle s’aggrave, la nouvelle religion s’enhardit à soutenir, avec plus ou moins de ferveur selon les sectes, que le chrétien ne doit rechercher ni les charges publiques, ni les honneurs, ni les places qui peuvent mettre sa foi en danger, c’est-à-dire les places les plus élevées et les plus importantes ; car il lui est interdit, s’il ne veut pas perdre son âme, de prendre soin des temples, d’organiser les jeux du cirque, de juger et de poursuivre ses frères. Le monde où les autres hommes vivent et jouissent, est souillé par une religion et une civilisation que le Christ a maudites ; il n’y a ni joie ni douleur, ni prix ni châtiment qui peuvent induire le parfait chrétien à participer aux dangereuses vanités de son existence corrompue, lui qui, au contraire, n’aspire qu’à sortir le plus tôt possible de cette vallée de