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Bientôt des grands et de leur étalage,
Je méprise le faux bonheur,
Et, pour en oublier même jusqu’à l’image,
Je retourne alors dans mes bois
Entendre des bergers la musette et la voix,
Ou des fauvettes le ramage.
Grâces à toi, dans ce séjour charmant,
Tout me plaît et tout m’intéresse :
Il n’a que le défaut d’être trop séduisant,
Et d’inviter à la tendresse.
Si mon sensible cœur alloit se renflammer !
Si des feux de l’amour il garde une étincelle,
Et qu’il voulût encore aimer,
Ah ! pour ton intérêt, redouble alors de zèle ;
Douce paresse, à mon secours !
Dis-moi qu’on ne voit plus de cœur tendre et fidèle ;
Peins-moi le tourment des amours.
Mais si l’amitié simple et pure
Demande mes conseils, mes soins et ma pitié ;
Si mon ami du sort éprouve quelqu’injure,
Et de la peine qu’il endure
S’il faut ressentir la moitié ;
Chez l’infortuné qui soupire
S’il faut aller verser des pleurs,
Prévenir ses besoins, partager ses malheurs,
Et pour le consoler, lui dire :
Vous soulager, du temps est le plus doux emploi !
Ô ma paresse ! en ce moment tais-toi :
C’est là que finit ton empire.