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Ce fut un heureux moment. On se sentait en sûreté maintenant sous la protection de ce hardi coureur des bois.

— Comment j’ai eu l’idée de faire l’ours ? dit-il à une question de Paula. Oh ! mon Dieu, c’est bien simple. Les Peaux-Rouges croient aux sorciers ; ceux-ci ne croient guère qu’au diable et tâchent de se faire craindre par divers déguisements. L’un d’eux a imaginé celui-ci et trompait tout le monde. J’ai découvert la ruse et hier soir je suis allé lui emprunter son déguisement en le menaçant de divulguer sa supercherie. Du reste, je joue mieux l’ours que lui, ajouta le chasseur avec une naïve fatuité.

Mais il fallait s’éloigner le plus tôt possible. Les jeunes gens, suivant leur guide, et suivis eux-mêmes par Daniel, arrivèrent rapidement au bord d’un cours d’eau encaissé entre des rochers escarpés, dont l’un surplombait. Un canot y était attaché. Cœur-Vaillant y fit entrer d’abord les deux sœurs, pendant que lui et Robert, les pieds dans l’eau, maintenaient la frêle embarcation ; puis les deux hommes y prirent place ainsi que Daniel, qui, du haut de la berge, avait surveillé d’un air amusé les péripéties de l’embarquement.

Les rochers des rives étant surmontés de grands arbres, le canot semblait passer sous une voûte de verdure. Lucy en fit la remarque.

— Oui, oui, dit Cœur-Vaillant, c’est un chemin qui marche et qui ne laisse pas de traces. Béni soit Dieu qui m’a permis de sauver les enfants du commandant de Morville !

Quelques jours après ils étaient à Saint-Louis où les jeunes filles retrouvèrent une famille.

Quant à Robert, il lui fallait revenir à la Nouvelle-Orléans, son congé finissant. Il fut convenu que Cœur-Vaillant l’accompagnerait. Ils prirent la