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DE LlHUMANISME A LA llÉF()llllllJ. 75 celui de Paris n’aura qu’a le compléter pour en faire l’acte organique définitif: l’édit de Fontainebleau du '1"juin 4540. Ces mesures prises, il fallait marquer aux yeux de tous qu’il s’agissait d’une œuvre d’ensemble et saisir, comme il con-· . venait, l’opinion. Le moyen, celui qui séduit toujours en pareil cas, c’était de faire un grand exemple; et on en avait lama-- tière, au sein même de cette Provence ou se concluait le double pacte d’abaissement du Roi devant l’E1npereu1· et de· la France devant Home. Il y avait là, depuis de longues années, une sorte de croisade sourdement engagée, it la fois sur les terres de France et sur celles de Savoie, contre les Vaudois des Alpes, innocente population que l’Église dénon- A cait depuis des siècles sans émouvoir le zèle du bras sécu- lier. Le roide France et le duc de Savoie venaient encore u11e fois, séparément, de faire cesser les persécutions. Que]- ques semaines avant l’édit de Coucy, Francois l" avait fait poursuivre un misérable, l’inquisiteur Jean de Roma, qui avait commis tous les excès', imaginé des supplices nou- veaux; il trouva un asile dans les États du Pape 2. Depuis lors, les Vaudois avaie11t eu presque trois ans de répit. Si la « conversion >>· de F rancois I" était sincere, et son alliance avec l’Église déîinitive, il fallait le prouver e11 cessant entln de protéger ce nid d’l1érétiques. Le roi avait—i| promis ce gage de soumission? On ne sait. Mais l’instinct ou la logique le fit croire aux contempo-— rains. Des l’automne de 1538, les Vaudois se sentent en un danger pressant 1 ils écrivent des lettres suppliantes au Con- seil de Geneve pou1· qu’il fasse intervenir en leur faveur les puissants seigneurs de Berne ". Leur ancien pasteur Saunier fait les plus grands efforts pour intéresser a leur cause Calvin, qui leur rédig·e une apologie, Farel, qui leur cherche des minis-· t1·es, le landgrave de Hesse, les magistrats de Strasbourg ‘. Que leurs craintes fussent fondées, l’événe1nent ne le prouva que trop. Mais il fallut plus d’elTort que Rome elle—meme ne L Hcrminjnrd, V, 372. ` 2. nz., nr, aaa ‘ » s. 14., v, 149. _ 4. 14,, v, 170 et 221. ‘