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_ DE UHUMANISME A LA RÉFORME- 67 sarcasme de Cha1·les—Quint, un juron de Montmorency, tantôt un souvenir de piété naïve qui lui rappelle son enfance, tantôt u11 point d`honneur de scepticisme qui l’irrite contre ces fana- tiques prets it mourir pour leurs billevesées, quelquefois aussi le courroux du monarque entêté de sa propre omnipotence et confondu de la Voir braver. ' Duel inégal entre la plus puissante, la mieux organisée, la plus sagace, la plus infaillible des associations qui aient i jamais existé sur la terre, et le plus faible des hommes dispo- · sant d’un pouvoir peu s’en faut illimité. L’issue pouvait-elle , faire doute? Ce qui étonne, ce que nous ne pouvons enco1·e apres trois siecles nous empecher d’admirer, ce qui nous explique l’indulgence involontaire avec laquelle les protes- tants du xv1° siecle ont pa1·lé de Francois I", c’est qu’entre l’Église et lui il y ait eu lutte, qu’·il ait essayé de résister, qu’il y ait parfois 1·éussi et qu’on ait pu, qu’il ait pu lui-méme se faire illusion sur le résultat final pendant pres de la moitié de son regne. · Le moment précis que 11ous considérons @538) est celui · de sa derniere défaite. Il en avait déja subi deux autres, mais il s’était relevé; celle—ci sera la troisieme : elle devait être irréparable. ` ` Ici 11ous heurtons peut—être l’opinion commune qui ne voit dans tout le règne de Francois I", en ce qui touche la ques- tion religieuse, qu’une·suite de contradictions et d’oscilla- tions capricieuses. Mais il nous semble que les contempo- rains n’en ont pas jugé ainsi : ils ont parfaitement démêlé les assauts successifs qu’eut a soutenir le roi. Et ZtUj,OLlI`d’lll]l encore, il suftirait de suivre 'scrupuleusement l’ordre des faits pour voir l’histoire de cette longue déchéance se dérouler en trois périodes distinctes, dont chacune commence par une victoire et finit par u11e défaite de la volonté royale. Mar- quons-en seulement les dates. e Première période (15154528). -— Ce que nous appellerions la premiere période va _jusqu’au retour de Madrid. — J usque-la, Francois I", tout en ayant débuté par un acte qui l’enchaîne et l’Église, ne sent pas encore ses chaines : il ne voit da11s le concordat que les avantages pécuniaires qui _