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DE IÃHUMANISME A LA RÉFORME. (5*1 l’Église n’avaient opposé aux aspirations de la Réforme un non possumus absolu. Soit tactique, soit désir sincere d’amé- lioration, on continuait de parlementer avec les rebelles, de discuter avec les hésitants, de négocier avec l’opinion publique sur la base du fameux concile universel. Et d’ailleurs qu’eùt— on pu faire d’autre au milieu de la crise effroyable que venait de traverser le Saint—Siège? Dans ces an11ées tragiques, Rome ' avait touché de si pres à sa perte que le monde entier avait un moment désespéré d’elle. Elle avait subi toutes les hor- reurs du sac de 1527, dernier episode de l,IllVîtSIOI] des Barbares. Elle avait subi pis encore, toutes les turpitudes, tous les crimes, tous les vils tratics, assez d’infamies pour déshonorer a jamais une cour, un gouvernement, une dynastie. Elle n’avait plus ni grand pape, ni grand politique, ni saints, ni héros. Et c’est du fond de cet abîme, après le triste. pontificat de Clément VII, que la papauté va se 1·elever triomphante. Par quel miracle? ' Comme toutes les institutions en péril, l’institution catho- Y lique à ce moment se replie en quelque sorte sur elle-même, se retrempe aux sources et retourne et ses plus purs prin- cipes. Un instinct de conservation qu’on pourrait prendre pour du génie l’ave1·tit que le salut n’est pas dans les conces- _ sions a l`esprit nouveau, dans les demi-mesures et les demi- réformes, dans les discussions et les débats publics. Le ca- tholicisme est un gouvernement, le plus vaste, le plus grand, le plus redouté des gouvernements : il doit se défendre contre l`l1érésie, comme un roi contre la rébellion. Il doit sévir et non argumenter. Ce qu’on attaque, c’est son autorité : c’est son autorité qu'il faut prouver pa1· ses actes mêmes. En «l’autres termes, et si l’on nous permet d’applique1·· au xv1° siècle la langue du nôtre, à la révolution déja triom- pliante il faut opposer la contre—révolution, ferme, nette, implacable. La conto·e-révolution religieuse au XVF siècle, tel est le titre très expressif d’un beau livre récent ' qui met _ admirablement en lumière ce moment où l’Église s’est res- ` saisie et sauvée elle—meme, par la seule force de son orga- ' 1. De M. Martin Philippson, profcsseurià l'Untversité de Bruxelles (1884, in-S).