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vue de l’intelligence du texte, et un progrès plus considérable encore au point de vue du langage, qui reste barbare, gaulois, obscur, incorrect, dans la révision de Calvin, tandis qu’il est clair et vif chez Castalion. Dans les bons endroits, la Bible de celui-ci ne sent pas la traduction : on dirait d’un livre pensé et écrit en français. Il égale la concision de l’original dans le fameux passage : « Dieu dit : Lumière soit. Et lumière fut. » Bèze se trompe singulièrement quand il accuse Castalion de ne pas savoir le français ; Castalion en possède parfaitement la syntaxe et le génie : il ne lui manque qu’un vocabulaire plus complet, moins mêlé de patois. Il s’est fait une langue à soi, brève, précise, nerveuse, vibrante, si bien qu’à l’entendre on croit parfois entendre un de nos contemporains. La Bible de Castalion est en réalité la première traduction vraiment française de l’Écriture sainte.


FIN DU TOME PREMIER