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. 424 Arrnunicn. tres, que nous n’avons pas trouvées chez Castalion,,lui viennent du dia- lecte picard qu’©livetan et Calvin, tous deux nés à Noyon, avaient parlé dans leur enfance zpar exemple cmimau pour animal, agu pour aigu, amati (sans force), cousurcnt pour cousirent, eschiffler (déchirer), [lotte pour l`oule, omail (espèce bovine), poignie pour poignée, ruine (g1·enouille), roule pour rouleau, rutlayer pour rudoyer, tigne pour teigne, cantallles I pour vantaux, sans compter nombre die termes vieillis, de 'locutions incorrectes : acconsuivre pour atteindre, linceul pour manteau, opiniâ- lreric, seslranger de quelqn’un (ne pas le reconnaître), se tomler pour se raser, ete., eslrif (querelle), claire pour visage, convenir pour venir devant,. enscrrer pour livrer, finer pour linir, etc. ` Les fautes de goût et les trivialités n’y sont pas beaucoup plus rares · que chez Castalion; les crudités que nous venons de relever chez celui—ci · se trouvent aussi dans la Bible de Calvin, avec quelques autres en plus et avec deux néologismes : homace et prcpueié, qui ne vaut guère mieux qu’cmpelle. Voila pour le langage proprement dit, qui n’est qu’un instrument. Il reste a voir comment les deux traducteurs le manient. on LA TRADUCTION : 2° VALEUR on srrnrs A ce point de vue la comparaison ne sera pas it l’avantage de la Bible de 1553, dont les défauts de style peuvent être rangés sous quatre chefs : 1° les hébraïsmes et les hellénismes, dont la Bible de Castalion est exempte ‘; 2° les obscurites et les non-sens; 3° une multitude de tournures enehevetrées qui défient toutes_les règles de la syntaxe, et dont Castalion n’olï`re que bien moins d’exemples; 4° les tournures déjà vieillies et dépas- sées au moment de l’in1pression, ainsi que le montrent les passages cor- respondants de Castalion. 1° Les hcbraismes. - Les plus fréquemment usités dans la Bible de

 sont : mourir de mort, plaire (law yeux: de quelqu’un, parler aux

oreilles de quelqu’un, meltre ou tourner sa face contre quelqu’un. ll y en a une foule dautres, plus graves parce qu’ils rendent la phrase inintelligible. Castalion les corrige. Par exemple : « Ma main ne soit point sur lui, mais la main des Philistins soit sur lui » (I Sam., XVIII, 17). Castalion: « Or cela disoit Saul a celle lin que lui-même ne mit pas la main sur David, mais que ce fussent les Palestins >>. ——- << Relire-toy de mal et fay bien: et tn liabiteras éternellement » (Ps. XXXVII, 27). Castalion ; « I<`ui le mal e fai bien, e tu dure_ras a iamais ». Il remplace heureusement « vi- siter sur » (Esaïe, X, 12, XXIV, 21, et Jérémie, VI, 10) par « pnnir»; — « la parole du Seigneur leur est faicte en opprobre » par : « Ils tiennent la parole du Seigneur pour un deshonneur », et ce logogrlphe : « Il y aura pelure en tous ses chefs » 2 (Esaïe, XV, 2), par « tous ayant les têtes ton- pour donne, en/`ondrer pour enfoncer, musaer (cacher), fonde pour fronde. issit (sortit), lanyard (bavard), peueuz pour penand, ruer jus (jeter ai terre), lemplelle (bandelette), vire- . voustc, etc. · ‘ ' 1. Nous n'y avons rencontré qu`une seule faute de ce genre : Je mettrai mon œil sur eux pour leur bien (Jér., XXIV, 6). ' 2. Calvin, Con1n1cnlai1·es·.szu· Esaïe, Gen., 1558, in-4 : sur tous ses chefs sera pellure.