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384 SÉBASTIEN casrutmou. Brenz dissipe d’un mot juste chaque sopliisme. Et il revient par toutes les voies ai cette ferme conclusion : << Si les ana- baptistes » refusent d`obéir ai la police civile, qu’ils soie11t privés aussi de la liberte civile >>, qu’on les traite comme les étrangers qui n’ont droit de cité que s`ils prêtent serment aux lois de la ville. Mais quant it ceux qui errent, si gl‘OS- sièrement que ce soit, même jusqu’a prêcher la communauté des biens, « il n’appartient aucunement au magistrat, mesme en ce `cas, de mettre la main sur aucun tl'eux, jusques a ce qu’ils auront erre non seulement en la foy, mais aussi qu`ils auront commis cas criminels extérieurement ». La derniere partie de l’avis de Brenz est consacrée ât la discussion d’une loi de Tliéodose édictant la peine de mort contre quiconque aura rebaptisé un prêtre catholique. L’em— barras de Brenz est intéressant; plus intéressantes encore ses ingénieuses hypothèses pour contester Yauthenticité ou res- treindre le sens de cet édit, pour y opposer d’autres textes. Et quand il a tout épuisé 2 enfin, s’écrie—t—il, si cette loi existe et a bien ce sens, si des empereurs « ont été d'une tyrannie si débridée que pour un simple rebaptisement ils condamnas- sent le povre peuple a estre mis ài mort >>, qu'en faudrait—il conclure? C’est qu’une telle loi aurait « esté faicte ài. l’insti- gation des evesques sanguinaires et meurtriers n, qui ont séduit Tliéodose; un d`eux ne lui disait—il pas : « O César, donne—moi une terre sans hérétiques, et je te donnerai le 'C·lCl >>? q ' Que le magistrat chrétien n’écoute pas de tels conseillers : « la vraie maniere de sauver les ames n’est pas d7agir par cruauté comme ces tyrans. Que le magistrat assure la paix publique; et si quelqu’un la trouble — qu’il soit baptisé ou rebaptisé, — celui-la a mérité la punition ‘. >> 1. La réponse que fera plus tard Théodore de Bête à ces citations de Brenz laisse percer «son embarras. ll est bien obligé de convenir qu’eIlcs sont cencluantesz mais, « tu n'ob- .tiendras point cela de moy, dit-il à Bellie, que j'entre en combat avec celuy-là ·· .... Il donne d'ailleurs Et entendre que Brenz est trop « fidèle ·•, trop « modeste ~» pour vouloir « opposer au consentement de tant d'Eglises son opinion touchant la punition des anabaptistes ». Et `il essaie dc tout concilier en supposant que Brenz n’avnit en vue que le cas d'erreur simple plutot que d'hérésie proprement dite. (P. 48-50.)