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· • LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET· .3/FI notamment un jour (lt} aoùt) qu`il remplaçait, comme sup- pléant, _1e lieutenant (procureur de l’Etat) Pierre Tissot. Et cette intervention avait été assez vive pour faire suspendre l’interrogatoire, pour déconcerter un moment I’attaque et pour déterminer Calvin, qui _jusqu’alo1·s 11`avait pas paru, a I se présenter ]ui—même, et prendreen main la direction de l’aIfaire et a requérir tout d`abord contre Bertlielier « qui se mesle de parler en excuse de l’accusé » ‘ (17 août). après la scène du 3 septembre, apres la demande d`avis ’ adressée aux Eglises suisses, apres leur réponse unanime quant a la gravité des bérésies de Servet, défendre encore Servet, c’était engager un duel a mort avec Calvin. Il venait A de se montrer prêt a quitter Geneve une seconde fois plutôt que d’y laisser violer la discipline ecclésiastique, que se1·ait-ce si l'on semblait mettre en question la doctrine tout entiere? Sup- porterait-il un instant d`l1ésitation dans une affaire ou « l’l1on— neur de Dieu » était bien autrement engagé que dans celle de la cene?Lui résister sur ce terrain ettout ensemble résister a l'unanimité des Églises réformées, il n’y fallait pas songer. On y songea pourtant une fois encore, c`est Calvin lui- meme qui nous l`apprend. Le grand adversaire, l’ami de Bertlielier, celui qu’il appelle'd’ordi11aire « notre César comi- que », le syndic Perrin, « apres avoir feint detre malade pen- dant troisjours, est venu au Conseil pour tirer d’at`faire ce scé- lérat. Il n’a pas rougi de demander que sa cause fùt portée du Petit Conseil au Conseil des Deux-Cents. Malgré cette te11- tative, la condamnation a été prononcée sans débat ’. >, A Cet appel au peuple ou du moins at une assemblée plus populaire, c`était ce que Servet lui-meme avait sollicité ". Et il avait raison d`y attacher quelque espérance. Les registres du Consistoire et ceux du Conseil nous montrent tt plusieurs reprises,~a cette époque même ‘ et dans les années qui sui- virent immédiatement, qu’on vient « rapporter » que des 1. A partir de cette séance, le lieutenant ne s’ubsente plus, et Bertlielier n`a plus E1 inter- venir comme suppléunt; il ne repurnlt plus qu'ù une séance ii laquelle assistait le lieutenant. 2. Lettre a Farel, 26 octobre 1553. (Opp. Cale., XIV, p. 657.) 3. Requête de Servet E1 In Seigneurie, 15 sept. 1553. (Opp. Cale,. VIII, p, 797.) 4. La veille ·du supplice de Servet, Ie magister Jeun Colinet comparaît devant le Consis— toire pour avoir répandu la Préface tt Edouard VI de Cnstellicn. (Reg. du Consistoire, 26 octobre 1553.)