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zuwaas on sonrrimsca 243 preuves éclatantes : l`une en imprimant a grands frais et avec toute sorte de risques la grande anatomie de Vésale, De cmyaoris humenl fabrice, 1543, in-f°, le premier livre où l’on ait osé, au mépris de tous les préjugés, livrer au public, pa1· le texte et par la gravure, les résultats de la dissection appliquée aux organes de l’homme parlejeune et hardi professeur que Charles-Quint n’avait pas encore couvert de sa protection. L'autre audace est plus significative encore, quoique non moins innocente : il avait entrepris de publier une traduction du Coran faite par Biblian· der, et bien qn’elle fùt suivie de toutes les réfutations dési- rables, il avait suffi de « quelques anes », comme dit Bullinger, pour faire mettre Oporin en prison; l’Alcoran eut peut-être été détruit et le malheureux imprimeur ruiné du coup sans lénergique intervention de Luther ‘. Dans ces premières annees; la. maison du vaillant impri- meur, Amc Oporine, était une ruche en plein bourdonnement : on y travaillaitjour et 11uit. Une inscription latine prévenait les visiteurs de faire vite, à moins qu’ils ne vinssent pour aider: peoyaeucis eges, cleimle ectutum ebees, msi, tenquem Hercules clefesso Allenti, oenerls supposilurus humeros .· semper . enim eril quad et lu eges et quotquot huc etlulerlnl perles. Oporin donnait l`exen1ple : il corrigeait, lisait, revoyait, surveillait tout. Son seul passe-temps était d`écrire quelque- fois la préface de "classiques qu`il éditait pour la jeunesse; c’est · dans ces préfaces hàtivement écrites, familières, sans art ni apprèt que se trahit la douce joie de l’humaniste, la bonhomie souvent sagace du professeur,»la fierté de l`éditeur heureux de publier un texte jusqu`ici inconnu, par-dessus tout ce naïf et respectable enthousiasme de l’homn1e qui a conscience de travailler a la résurrection des lettres et tout ensembleaux progrès de l’Évangile. C'est par ce sentiment sincere autant 1. Sur cette affaire de l'A1c0run (1542), voir les très curieux documents qu'a publiés M. le D' K.-R. Hagenbach, Luther und der Koran vor dem Rat/ie zu Basel, dans le 9" vo- lume (p. 293-326) des Beitrrîge sur Vaterlzïndisclicn Geschichte de la Société historique de · Bâle (1870, in-S). S'etaient prononcés pour Vimpression : l'anlisIcs Oswald Myconius, le pasteur de Saint-Léonhard, Marcus Bersius (Bertscbi), le professeur do théologie, Mai-tinus Borrhaus (Cellurius), Ie diacre Jacob lininels. Avaient émis un avis contraire :·le pasteur Truckenbrot, le D' Wolfgang \Vysscnbnrg et, chose extraordinaire, le savant hébraîsunt et géographe Sébastien Münster. Boniface Amerbach, étudiant la question au point de vue juridique ct au point de, vue théologique, conclut ti une publicité réservée h Ynsagc des savants, limitée ou peu s'en faut aux Bibliothèques. .