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ANNEES DE s0urr1iANcu. 232) Ici se place (avril 1545) une lettre de Calvin tt Farel, tres importante pour l’l1istoire de ses relations avec Castellion. En voici le _passage essentiel et ce point de vue : Quant au collège, vous savez ce que j`ai écrit à Cordier. Je n’ai en . vue que d’assurer le bien des enfants. La condition des maîtres n’y est 'pas si brillante qu`elle doive être briguee. Elle l’est cependant, et avec tant d'ardeur que c'est pour moi un vrai prodige. Le conseil, je l’ai remarqué récemment', penche pour Charles, mais comme une fois pour toutes, liberte est laissé Et Cordier, les choses en restent la. Si vous saviez ce que ce chien déblatère contre moi, —— c’est Sébastien que je veux dire, —- vous trouveriez les moines doux et modérés eu comparaison. Qu’eût-ce donc ete et qu`aurait-il dit, s’il m’avait vu prendre parti pour l’un ou pour l’autre, puisqu’il s’emporte comme un fou sans aucun motif: car, en cette affaire, j'ai tenu it rester absolument neutre. Maintenant, il vomit son venin à pleine bouche. ll dit que c'est par ma tyrannie qu’il a été chassé du ministère pour que je puisse régner seul, que c’est par mon ambition qu’Henri de la Mare a été envoyé ailleurs 2, et que ne dit-il pas encore! Ici Calvin se rappelle un autre grief tout récent, et il ajoute en marge Z Naguères il a fallu déposer du ministère celui que nous avions chargé de l’église de Bosseyé : la-dessus, il nous insulte et crie que c’est la mani- feste vengeance de Dieu, parce que son compagnon, Claude Véron, — un ' saint ange de l)ieu, celui-la! — a été chassé de ce poste par ma l`raude. Il me menace des choses les Jlus raves si la crainte du mavistrat n’ l · 1 g 7 I I C y mettait obstacle. Car il n’a pas honte de parle1· ainsi. Comme Ferron lui reprochait son ingratitude et lui disait entre autres choses qu’il m`avait quelquefois vu pleurer sur sa chute, il lui répondit : larmes de crocodile! Enfin, il prétend que nous sommes tous des mé- chants et des gens de rien ‘. Telles etaient, s`il en faut croire Calvin —- et Calvin en général était bien renseigné,- les dispositions dans lesquelles Castellion allait quitter définitivement Geneve : il ne·se faisait plus d'illusion; il avait vu naître Pomnipotence (le Calvin, il la vo ait triomulier. Bien des années mlus tard nous retrou- 7 verons chez lui la trace de ces impressions, le souvenir amer l, On lit en ellct dans les Registres : u 4 mai 1545. — Maistre Charles et maistre Francois, lesqueulx, jusques ii ce l`0rdre soyt mys en l’eschole, hont régenter. Toutellbys lesdits M"' Charles et l·`rnncois ne se peulve accorder et qu'il est nécessère il udviser, et toutcllois Mons, Calvin a rel`l`erus que ledit M° François est plus aggrénble à Mons. Corderius et a prié qu’il soy!. exempt de ce mesler de tel ntfère. Ord· que les ministres doybgent examiner lesdits deux et le plus propre soyt laissé en leschole. » 2. Dans la paroisse rurale de Jussy. A ` 3. ll s`ugit de Simon Moreau, dent nous avons parlé p. lt)0 et l95. —i. 'l`raduit du latin, Opp. Calu., Xll, 63.