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RUPTURE Avec cixtvm. 203 enfin que voulez-vous qu’il fasse? » je lui répondis avec quelque vivacité que je suis prêt a quitter la place, et volontiers, mais qu’on ne doit pas IUC- faire violence et m’obliger à l`admettre contre ma conscience. ll m’objectait que Sébastien a déja exercé le ministère. Je répondis que non, et j’ajoutai qu’on l’avait envoyé prêcher sans aucun examen, en mon absence et a mon insu; qu’il n’était donc pasjuste de me l‘attribuer. Je n’ai pas bien pu voir si Ribit plaisantait ou non quand_nous en sommes venus a parler du Cantique; mais il ne me paraissait pas difl`érer beaucoup de sentiment avec Sébastien. Sur la question de la descente de Christ aux enfers, nous n’avons échangé que deux mots, l'entretien ayant été interrompu par l’arrivée de quelqu’un. Je ne sais pas ce que peut signifier ce propos de Sébastien * : que mes amis trouvent étrange et plaisant que je cite le psaume 45 pour la défense du Cantique et aussi que, sur l’article de la deseenteaux enfers, ` lequel dans le Symbole vient après l'article de la sépulture, j’a|lègue à l’appui de mon interprétation la parole prononcée sur la croix: mon Dieu, mon Dieu, etc. Je supporterai sans peine les railleries et de lui et ' des autres. Quant a être réfuté par de bonnes raisons, je ne le crains pas. Je voudrais seulement obtenir de vous autres, que vous ne me tour- mentiez pas a propos de Sébastien : c’est un homme qui, autant que j’ai pu en juger par nos entretiens, a sur mon compte des idées telles qu’il est difficile que l’accord se rétablisse jamais entre nous. Ce queje vous dis là, mon cher Viret, c’est pour les autres que je le dis 2 car quant a vous personnellement, vous ne m’avez jamais tourmenté à ce sujet. ' Peu après son retour de Lausanne, j’ai voulu savoir quels étaient ces - points dontil importait a moi et a l`Église que je fusse averti. Je ne parvins à lui en arracher que deux : il y avait un _certain Bernois a qui j’aurais moi-même enseigné sur le Cantique l`opinion que je reproche tant aujourd’hui a Sebastien. J’ai réfuté cette calomnie. L’autre point ' était que mes collègues me f1attent.J’ai répondu comme il convenait. ll n’avait rien d’autre a dire. J’ai pitié de lui. Je souhaiterais bien qu’on put sans inconvénient trouver a le placer quelque part, et je m’y emploierais bien volontiers. Je rends justice à son talent et à sa science. Je voudrais seulement que l’un fût joint à plus de jugement, et que l`autre fût tempérée par la sagesse, que surtout on pût le guérir de cette confiance illimitée que lui inspire une instruction limitée 2. Nous n’avons pas la réponse de Viret a Calvin. Mais quel- . ques jours apres, une nouvelle lettre de Calvin (26 mars 4544) fait allusion ii cette réponse : tout en donnant pleinement raison ài Calvin, Viret a essayé de disculper Hihit, et il paraît avoir pour Son Compte ajouté quelques mots en faveur de Castellion. Calvin 1`é[)OD(l : _ Que Bibit m’ait parlé avec une parfaite sineérité,je u’en doute pas, mais comme il lui arrive assez souvent d'employer par plaisanterie des 1. Tenu sans doute ii Lausanne et rapporté par Virct. 2. Traduction du texte latin publie dans Opp. Cala., XI, GST, (SSS.