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  • 148 SÉBASTIEN CASTELLION.

pour faire passer la grammaire avant la rhétorique; on vient de voir qu’il fait lire, traduire, expliquer, analyser, qu’il fait ensuite extraire de chaque lecture « des notables bien brefz », qu’il << baille à. escrire de petis exemples et manières de parler tant en latin q u’cn franeoys ». Programme bien simple, si simple q u`o11 n’y prend pas garde,. Mais tant de simplicité était une grancle nouveauté en ·15Ml.. L’explicatiou familière du texte mise Et la place des subti- lités scolastiques, la simple étude grammaticale au lieu des « exercices d`imitation oratoire >>, la lecture courante de textes classiques faciles remplacant la rliétorique d’Hermogenes et les ch¢··z'es· c'était beaucou de hardiesse. Mais il avait is : . ’ . . Y P ce petit college S,Élll[|.l1Cl]~)H.1l] ]usqu’a reduire ou dénaturer l.l0XCl`Cl(J€ longtemps unique des vieilles universités, la dïsptma, cet exercice semi-barbare, semi—sophist·ique, dent les huma- nistes ent fait le proces avec tant de véhémencc depuis Rabe- lais ’us u’a Vives et d’Eras1ne it Hamus ’. Le ore ·ramme· .l Cl _ _ l de lb38 dit qu’1l n’y aura que deux dem1—heu1·es par jour << pour faire questions selon la maniere des escoles >>. lit encore faut-il y regarder de plus pres. Le même document nous donne le tableau d’un de ces exercices e11|.re les « por- tionnistes ou commensaulx >>, et il ne fautpas beaucoup creuser le texte pour s’apercevoir de la transformation que subit entre des mains habiles la vieille argumentation gothique : Après qu’on a desservy et dict grâces, ,... (les élèves) prennent, ung chacun selon ce qu’il est desja fondé en aucune langue, des livres de- la saincte escripture, mais toutesfoys en divers langages, c’est asçavoir ou en grec ou en latin ou en françoys, ou aussi en ehrieu, s’il est ques·· tion du vieil testament. Adonc, atin que Yentendement d`ung chacun se recrée joyeusement en chose saincte et honneste, l’ung des régens,. comme deluissant ceste gravité ordinaire de maistre, expose couram- ment de latin en françoys quelque propos de ladicte. escripture saincte, mais en ce faisant il construist le texte de mot à mot, à la mode com- mune d`enseigner grossement en toutes escoles. Puis apres il propose et présente familierenient aux enfans le latin, selon la manière et ordre qu’il l’a déclairé, et iceulx le tournent en françoys, comme chacun en a peu retenir et mettre en sa mémoire; 0l' en cela ung chacun d’eulx respond en son tourjusques à la fin d‘une clause ou d’une sentence, et ce pendant les autres franchement le reprennent d’ung cueur gaillard et délibéré, a l. Voir Thurot, Organisation de lfztseiynemeœzl dans l’Uuiue7·xilé de Paris au moyen. âge, p. S9 et passim. '