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LE SKI

L’inventeur du ski fut l’homme qui, sur de la neige gelée et le long d’une pente, commença à glisser malgré lui, et à qui, à la suite de cet événement, vint la pensée de faciliter la glissade en allongeant sa chaussure, en la garnissant par-dessous avec de la peau ou du bois et en l’incurvant à l’avant : il a transformé la marche en une glissade continue. En plaine, il avance par la poussée qu’imprime chaque jambe tour à tour, et il dévale des pentes avec aisance et légèreté.

Ce que nous considérons aujourd’hui comme une transition très naturelle de la raquette au ski fut, dans l’histoire des peuples du Nord, une découverte des plus importantes, dont chacun des perfectionnements remonte bien avant dans le passé. Un des chapitres les plus intéressants de l’histoire du ski est celui qui étudie comment, étant donnée la forme primitive que nous ne connaissons pas exactement, l’esprit humain a créé, conformément aux climats, aux aptitudes du corps et à la matière première, l’étonnante variété de formes de skis connus, depuis les anciens patins norvégiens jusqu’aux skis de plaine suédois atteignant trois mètres de longueur, depuis les lourds patins de bois des Giljaques jusqu’à l’élégant ski de Telemark.

Bien que la Scandinavie ne soit pas le pays d’origine du ski — on peut en toute certitude l’affirmer — c’est là pourtant qu’il prit son plus grand développement. Etant donné que dans la région des monts Altaï et autour du lac Baïkal, en Sibérie, il y a tous les ans, pendant de longs hivers, les champs de neige les plus profonds et les plus étendus du globe, on lui a attribué chacune de ces parties de la Sibérie comme son véritable pays d’origine. Cette théorie est séduisante : c’est seulement là où la lutte pour la vie presse le plus durement l’individu que doivent nécessairement se créer les inventions qui lui facilitent ses moyens d’existence. C’est ainsi que les habitants des espaces neigeux sibériens devaient arriver à la création et à l’usage du ski.

De l’Asie septentrionale deux voies d’expansion pouvaient s’offrir. La première conduisait, par le détroit de Behring, aux Esquimaux de l’Amérique du Nord ; l’autre, par l’intermédiaire

des Finlandais et des Lapons, vers la Suède et la Norvège actuelles.

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