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INTRODUCTION

Dans un bref compte rendu qu’il a fait paraître dans la revue arabe Al-Mašriq publiée à Beyrouth (XVe année, n° 6, p. 467, 1912), sur l’ouvrage de M. W. Marçais intitulé Textes arabes de Tanger, le P. Louis Gbeikho se plaignait avec raison que jusqu’alors l’étude des parlers arabes libanais et syriens avait été bien délaissée et souhaitait qu’à l’avenir des linguistes indigènes fissent à leur sujet des recherches sérieuses et méthodiques comme le font depuis quelques années les linguistes européens pour les dialectes magbribins. Jusqu’à présent on ne possède en effet sur les parlers syriens aucun travail vraiment scientifique ou du moins complet. Quelques études comme l’ouvrage du Dr Max. Löhr, Der vuIgärarabische Dialekt von Jérusalem nebst Texten und Wôrterverzeichniss dargestellt von Dr Max. Löhr, Giessen 1906, celui de M. Emmanuel Mattsson, Étude phonétique sur le dialecte arabe vulgaire de Beyrouth, 1910, celui d’Œstrup, Contes de Damas, Leyde 1897, le bon manuel pratique de L. Bauer, Das palâstinische Arabisch, Leipzig 1910, ou encore quelques courtes et intéressantes notices comme celles que M. Clément Huart et M. Barthélémy ont insérées dans le Journal asiatique (t. I, série viii, p. 48, 1883, et t. VII, série x, p. 197, 1906) sur les parlers de Damas et de Jérusalem, sont peu près les seuls travaux qu’on possède actuellement[1]. Le domaine linguistique de ces importantes régions reste donc à exploiter. Aussi le regret et le vœu exprimés par le P. Louis Cheikho m’ont décidé à consacrer mes loisirs à un travail de ce genre. Utiliser mes connaissances des parlers libanais, les coordonner dans une étude spéciale et les soumettre aux savants européens qui s’intéressent aux langues orientales, telle a été l’idée dominante qui a présidé à mon « Essai ». Je me rendais fort bien compte des difficultés que je rencontrerais.

  1. Je ne parle pas naturellement des ouvrages tels que les Proverbes et Dictons de M. Landberg ou les Sprichmörter mid Redensarten aus dem Libonon de Da’ùd Saźcān (Mitteilungen des Seminars für orientalische Sprachen, V, 1902, p. 48 à 76), et le Palästinischer Diwan de Dalman qui, précieux comme recueils de matériaux, n’ont pas le caractère de travaux linguistiques proprement dits.