Page:Feer - Contes indiens, 1883.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le roi, en recevant ce fruit, fut excessivement étonné : « Ce fruit, se dit-il, je l’avais donné à la Rânî ; d’où vient cette extrême affection de la Rânî pour une courtisane ? » Il fit donc des recherches, et apprit toute l’histoire. Incontinent il fut détaché des choses du monde et comprit tout ce qu’il y a de mauvais dans les biens extérieurs, tels que femmes, enfants, etc. « Cette femme que j’aimais plus que ma vie, pensa-t-il, je vois qu’elle n’avait pas d’attachement pour moi, elle était attachée à mon conseiller ; ce conseiller, de son côté, n’avait pas d’attachement pour la Rânî, il n’en avait que pour une courtisane ; la courtisane non plus n’avait pas d’attachement pour le conseiller ; la richesse était son unique passion. Ainsi l’affection qu’on a pour une femme, des enfants et autres choses de ce monde est une pure duperie. » — Après avoir fait toutes ces réflexions, le roi renonça à la royauté et s’en alla dans la forêt. Là il mangea le fruit donné par le dieu, puis resta plongé dans une profonde méditation. Le roi Bartrihari n’avait pas de postérité ; le royaume était privé de roi, l’épouvante causée par les voleurs et les malfaiteurs augmentait de jour en jour.