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quelques-uns ont prétendu que, dans le Samsâra, la science est la chose essentielle : tel n’est pas mon point de vue. Mon idée à moi, c’est qu’une jeune femme d’une beauté sans égale et la multiplicité des plaisirs sont les deux choses essentielles. Ces deux choses-là, grand roi, jamais je ne les abandonnerais à d’autres. Mais aujourd’hui, il y aura, dans la région des nuages, un combat des dieux et des Dânavas. Il me faut aller à ce combat pour prêter main forte à Indra. Or, voici ma femme qui m’est plus chère que la vie : ce n’est pas en compagnie d’une femme que je puis me rendre sur le champ de bataille. Je n’irais pas au combat avec confiance si je la mettais sous la garde d’un autre ; mais je sais que le grand roi des rois est au suprême degré fidèle à la loi, qu’il étend sa protection sur les gens d’autrui comme sur ceux qui sont à lui, qu’il est vainqueur de ses sens, d’une bonté suprême ; c’est donc après avoir placé moi-même cette femme entre ses mains que je partirai pour le lieu du combat. Tel est mon désir ; je rends service aux autres en diverses manières : rends-moi celui de garder cette femme avec le plus grand soin jusqu’à mon retour.