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richesses par le jeu, celui qui cherche à obtenir la considération en se mettant au service d’autrui, celui qui poursuit les jouissances au moyen de la mendicité, tous ces gens sont des têtes dépourvues d’intelligence ; ils sont voués à une destinée misérable. — En entendant ces paroles du roi, le joueur ne put supporter le blâme du jeu et répondit : C’est fort bien fait à toi de critiquer ! Tu n’as donc jamais éprouvé le bonheur qu’on ressent à jouer aux dés ? Tu es comme un eunuque qui blâmerait le plaisir qu’on goûte avec une femme jeune et belle. — Aux paroles du joueur le roi répondit : Eh ! joueur, tu as été extrêmement affligé par le seigneur (Içvara) ; aussi t’avons-nous adressé une bonne parole, uniquement pour te venir en aide, comme eût fait un ami. Tu es dans l’erreur la plus complète. Or, c’est une forte douleur, quand on est revêtu d’un corps d’homme, de n’avoir point de bonnes pensées, de ne point faire de bons raisonnements, de ne point songer à de bons procédés, de ne faire ni de bons efforts, ni de bonnes actions, et de se livrer, pour un bonheur vain, au jeu de dés qui est une source de maux. L’homme dissipe ainsi sa vie en