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roi, sache que, sur la montagne Citrakuta, il y a une pagode près de laquelle est un parterre de fleurs. Un fleuve coule devant la pagode : si des gens purs se baignent dans ce fleuve, l’eau paraît sur leur corps comme du lait ; si ce sont des méchants, des gens souillés qui s’y baignent, alors l’eau paraît sur leur corps comme de l’encre[1]. Là demeure un Yogî[2] qui fait continuellement des prières, des méditations, des offrandes ; mais la divinité ne lui est pas favorable. »

Le roi Vikramâditya, ayant entendu ce rapport, se rendit dans ce lieu, se baigna dans le fleuve et reconnut qu’il était (pur et) sans tache. Puis, après avoir rendu son hommage à la divinité, il se dirigea vers le Yogî. Le roi posa alors cette question au Sannyasî[3]. « Yogî, depuis combien de temps te livres-tu aux mortifications ? » — L’ascète reprit : « Écoute, le Vaiçakha[4], le Jyeshtha, l’Ashâdha, le Çrâvana, le Bhâdra, l’Açvina, le Kârttika,

  1. Littéralement « de la suie ».
  2. Yogî, solitaire absorbé dans la contemplation, dernier état des Brahmanes qui aspirent à la perfection.
  3. Sannyasî est un synonyme de Yogî.
  4. Ce terme et les suivants sont les noms des mois de l’année indienne.