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À Travers l’Inde en Automobile

seules accourent au seuil des maisons pour nous voir passer, elles considèrent évidemment la machine comme un engin de guerre car leurs voix, fortes et sonores, nous interrogent en pasthu et le nom de « Dier » revient sans cesse sur leurs lèvres.

Les tombes musulmanes, éparses de tous côtés, dans les vacants rocailleux, sont garnies de petites oriflammes vertes et rouges ; des fillettes habillées d’étoffes sombres, relèvent, à mesure que le vent les abat, les tiges de roseaux qui les portent, et leur incessante prière monte vers Allah pour qu’il fasse victorieux ceux qu’elles aiment.

À Chakdara, où nous déjeunons, les nouvelles parviennent d’heure en heure. Le bruit de la bataille se rapproche, les chevaux du régiment, entravés dans la plaine, hennissent de terreur, j’éprouve une certaine appréhension, mais le commandant du fort me rassure ; les combattants n’oseraient pas, paraît-il, sortir du périmètre que l’Angleterre leur a assigné ; ils savent les représailles que le Gouvernement exercerait contre eux. La façon nette, calme et précise dont cet Anglais laisse tomber ces paroles, l’inflexible logique de son raisonnement, le courage froid que l’on sent derrière son attitude indifférente, expliquent l’ascendant que cette race britannique a pris dans le monde entier, la stabilité et l’étendue de l’empire qu’elle a conquis et qu’elle compare orgueilleusement à l’antique puissance du peuple Romain.