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ingénus d’abandon et de confiance. L’homme est partout à la recherche de l’homme. L’esprit du mal, Ravana aux cent mains d’où naissent des plantes et des herbes, aux pieds marchant sur des bois peuplés d’animaux, l’esprit du mal peut accourir, les innombrables figures des hommes peuvent se débattre sous des avalanches de fleurs ainsi que l’esprit assiégé par les séductions de la terre. Qu’importe ! Sur des fonds d’arbres épais, des armées marchent. Rama s’avance au travers des forêts. L’homme finira bien par conquérir, ne fût-ce qu’une seule minute, l’accord entre sa vie sociale et ses instincts les plus tyranniques. Ni bestialité, ni ascétisme. Non seulement les héros de la volonté sont entourés de fleurs amies et n’ont qu’à étendre la main pour cueillir les fruits aux branches inclinées sur leur passage, mais même des guirlandes de bayadères nues les attendent à l’extrémité du chemin, toutes différentes, toutes pareilles, dansantes et presque immobiles et qui scandent au rythme deviné de la musique, les saccades intérieures de l’onde qui les parcourt. Pour la seconde fois depuis l’origine des hommes, l’effort intellectuel et la joie des sens semblent s’accorder une heure. Furtif sans doute, et plus sommaire, mais aussi plus plein, plus musical, plus empâté de matière, surchargé et