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embryonnaire et comme condamnée à ne jamais choisir entre les sollicitations confuses de ses énergies de volonté et de ses énergies sensuelles. L’homme ne changera rien à sa destinée finale qui est de retourner tôt ou tard à l’inconscient et à l’informe. Dans la fureur des sens ou l’immobilité de la contemplation, qu’il s’abîme donc sans résistance au gouffre des éléments.

L’amoralisme de l’âme indienne, sa confusion, son trouble panthéistes, l’éloignent presque constamment des grandes constructions abstraites qui caractérisent le désir des vieux peuples occidentaux. Aux Indes, l’œil ne saisit les ensembles qu’en passant par tous les détails. Tandis qu’en Égypte le désert, l’horizon, le fleuve rectiligne, la pureté du ciel, tandis qu’en Grèce les golfes sinueux, les eaux transparentes, la crête arrêtée des collines, avaient fait de l’homme un métaphysicien ou un philosophe épris du rythme ou de la continuité sinueuse qu’il observait dans l’univers, ici il fallait trop de jours pour arriver jusqu’aux montagnes, les fleuves étaient trop vastes, trop bourbeux pour qu’on en pût voir le fond, les forêts trop touffues pour qu’il fût