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dans les syndicats ouvriers, partout où une collectivité ne peut, à chaque instant, être présente pour s’entendre et discuter de ses intérêts, on fonde des comités qui sont chargés de préparer, de diriger ou d’exécuter certains travaux au mieux des intérêts généraux : « Comité directeur ; Comité exécutif ; Comité d’initiative ». Le comité est, jusqu’à présent, la meilleure forme de représentation collective ; et à condition que ses membres soient toujours soumis au contrôle de ceux qui les délèguent et que ces derniers n’abandonnent pas leurs droits et n’oublient pas leurs devoirs, sa fonction ne peut être qu’utile dans l’organisation sociale présente et servir de base à l’organisation sociale des sociétés futures.


COMMANDEMENT. n. m. Action de donner un ordre ; de commander. S’exerçant toujours de « supérieur » à « inférieur », le commandement suppose implacablement l’autorité, car on ne peut concevoir le commandement sans qu’immédiatement s’y l’attache l’idée d’autorité. (Voir Autorité.) L’autorité est donc à la base du « commandement » et divise l’humanité en deux fractions : les maîtres, d’un côté, et les esclaves, de l’autre. Le commandement est aveugle, et le fait d’être investi du droit de commander n’implique nullement la capacité et la compétence ; il suffit uniquement, pour commander, d’être pourvu d’un appareil de répression, au cas où « l’inférieur » se refuserait à exécuter l’ordre du « supérieur ». Anciennement, on donnait, comme symbole de leur autorité, un bâton aux officiers investis d’un commandement. Aujourd’hui, le bâton a disparu, mais, hélas ! le commandement subsiste. Il y a une hiérarchie dans le commandement. À l’usine, au chantier, à l’atelier, elle prend naissance au chef d’équipe et s’étend jusqu’au directeur ou au Conseil d’administration ; dans la magistrature, elle part du simple agent de police pour aller jusqu’au président d’un quelconque tribunal ; mais c’est surtout à l’armée que cette hiérarchie de commandeurs accomplit ses tristes méfaits : du petit caporal au puissant ministre de la guerre, chacun s’empare d’une parcelle d’autorite qui retombe invariablement sur l’échine du pauvre troupier, et, du plus petit au plus grand, tout ce monde commande au nom de la discipline militaire.

Et, pourtant, y a-t-il quelque chose de plus stupide que ce commandement ? Selon les principes de l’autorité, l’ordre à exécuter ne doit pas l’être en vertu de son utilité ou de sa logique ; mais en raison directe de la qualité hiérarchique de celui qui le donne. Tout se déplace en vertu du pouvoir de commander : l’intelligence n’a plus son siège dans le cerveau, mais est relative au grade qui nous est conféré dans la vie civile ou militaire. Un caporal est plus intelligent qu’un simple soldat et un capitaine qu’un caporal, cela ne doit faire aucun doute. Il faut l’accepter comme axiome ; et, quels que soient les ordres donnés, aussi ridicules fussent-ils, il faut, sans discuter, les exécuter et s’incliner devant le commandement. Selon certains savoir commander est un art ; ce n’est pas un art, c’est une bassesse et une lâcheté, et il est encore plus méprisable d’exercer le commandement que de le subir. Du reste, tous ceux qui consentent à commander sont capables également de s’abaisser devant des supérieurs. Autant Ils sont féroces pour ceux qui sont placés au-dessous d’eux, autant ils sont généralement plats devant ceux qui occupent un poste plus élevé. Commander et obéir sont des crimes et l’homme libre se refuse à l’une et à l’autre de ces contraintes. (Voir Anarchiste.)


COMMÉMORATION. n. f. Action de rappeler par une cérémonie ou par une fête le souvenir d’un événement. La plupart des fêtes qui nous sont imposées et que nous subissons dans la société bourgeoise sont d’origine reli-

gieuse et commémorent un événement qui appartient plutôt au domaine de l’imagination que de l’histoire ; telles sont les fêtes de la Noël, de Pâques, etc., etc… Du reste, le peuple ne s’ingénie nullement à rechercher l’origine et les causes de ces commémorations et il se contente simplement de profiter, pour se distraire, de ces repos périodiques.

Il n’en est pas de même pour toutes les fêtes. Celle du 14 juillet, par exemple, qui a dégénéré en une vaste bacchanale et qui est une occasion annuelle, pour tous les empoisonneurs patentés, d’écouler leur stupéfiants, devrait rappeler « au peuple souverain » qu’il y a plus d’un siècle ses ancêtres, las d’être tyrannises par la noblesse, levèrent l’étendard de la révolte, et s’élancèrent à l’assaut de la Bastille. Le geste du peuple en révolte n’avait pas seulement pour but de libérer quelques centaines de prisonniers, mais aussi de marquer son désir d’échapper à l’étreinte de l’autocratie. Que c’est près et que c’est loin, tout cela, et qu’il est triste de constater la faculté d’oubli de ceux qui souffrent ! La fête du 14 juillet n’est pas la commémoration de la prise de la Bastille, car d’autres bastilles se sont élevées sans que ceux qui, au son d’une musique barbare, chantent et dansent toute la nuit, songent à les détruire. Elle n’est plus qu’une immense beuverie, qui ne rappelle en rien le sacrifice de nos aînés.

Parmi les commémorations populaires qui ont conservé leur véritable caractère, il n’y a, en réalité, que le Premier Mai et l’anniversaire de la Commune. Commémorations douloureuses, qui nous font souvenir de la férocité de nos maîtres, qui nous initient aux tragédies passées, et qui, chaque année, ravivent en nous le désir d’en finir au plus tôt avec ce capitalisme qui repose sur des rivières de sang et des monceaux de cadavres. Il ne faut pas oublier. Il faut commémorer encore et toujours ces périodes de lutte, tant que la bête qui nous tient rivés au boulet de l’exploitation ne sera pas abattue. Il ne faut pas oublier, jamais, ce que nous souffrons, ce que nous avons souffert, en nous, en nos parents, en nos ancêtres, afin que nos enfants ne partagent pas notre triste sort et que leur vie ne soit pas tissée dans les larmes et dans la souffrance. Il faut se souvenir ; et c’est en se souvenant que nous préparerons l’avenir.


COMMERCE. Le Commerce est le négoce ou le trafic par voie d’échange auxquels donnent lieu les marchandises, soit entre particuliers, soit entre pays.

Au point de vue économique, il faut distinguer trois sortes de commerce : le commerce de gros, le commerce de demi-gros et le commerce de détail.

Le commerce de gros consiste à acheter aux producteurs de grandes quantités de marchandises pour les revendre, soit en gros, soit à des commerçants de demi gros ; quelquefois, mais plus rarement à des détaillants.

Le commerce de demi gros consiste à acheter de grosses quantités de marchandises pour les revendre au commerce de détail, et même directement parfois aux consommateurs.

Le commerce se divise aussi en commerce intérieur et commerce extérieur ou international.

Le commerce intérieur se limite aux échanges dans un même pays. Son chiffre approximatif se mesure par l’intensité du trafic des chemins de fer, des canaux et des routes.

Le commerce extérieur ou international, embrasse l’ensemble des échanges entre les nations différentes (exportation et importation). Il se mesure assez exactement par le contrôle des douanes, au moment du passage des marchandises aux frontières terrestres et maritimes.