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avec leur morale de pauvreté, de chasteté et d’abstinence, les casuistes, avides de domination, de luxure et de bien-être, accaparaient tous les biens laïques, que les peuples, par naïveté, ignorance et faiblesse, n’osaient même pas défendre. C’est vers le xviie siècle que la casuistique atteignit son apogée. À cette époque elle devint l’objet de l’aversion populaire, en raison des crimes, des exécutions accomplis en son nom au cours des cinq siècles précédents.

La casuistique, objet de discussion sur tous les conflits ou crimes d’ordre religieux, véritable code barbare dont les maximes furent soutenues et défendues par la papauté, justifia les actes les plus ignobles et les plus monstrueux. Les casuistes n’hésitèrent pas à qualifier de sages et salutaires les massacres de la Saint Barthélémy. Ce furent eux qui conseillèrent la révocation de l’Édit de Nantes.

Au sens général on fait de la casuistique, lorsque l’on parlemente à perte de vue sur des cas de conscience ou lorsque l’on se plaît à embrouiller, pour les besoins d’une mauvaise cause, un débat ou une discussion.


CATACLYSME. n. m. (du grec : kataklusmos, déluge). Au sens géologique, révolution qui bouleverse et transforme la surface du globe. Le cataclysme est un phénomène d’ordre naturel et malheureusement l’humanité ne peut rien, ou presque, pour en arrêter les effets désastreux. Chacun a encore présent à la mémoire le terrible cataclysme, qui ravagea le Japon en 1923 et qui coûta la vie à plusieurs centaines de milliers de malheureux. Les éruptions volcaniques, les inondations qui, à périodes indéterminées, viennent désoler les populations sont des cataclysmes.

Avec les progrès de la science, l’observation et l’aide d’appareils d’enregistrements ultra-sensibles les savants arrivent parfois, sinon à prévenir, du moins à prévoir un cataclysme, ce qui permet plus particulièrement pour les éruptions volcaniques d’évacuer les populations qui habitent dans les environs de la « Montagne de feu ».

Rien ne permet hélas d’espérer que la petite chose qu’est l’homme, arrivera à vaincre la puissante nature qui, détachée des faiblesses et des mesquineries humaines, poursuit son évolution en vertu des lois différentes de celles qui nous régissent.

Il semble que la brutalité de la nature ne soit pas suffisante à l’homme et que celui-ci, animé par un instinct de destruction, provoque souvent des cataclysmes ; et au sens social on peut considérer comme cataclysme toute transformation brutale de l’humanité. La guerre, erreur des sociétés modernes, est un cataclysme néfaste qui engendre cependant des cataclysmes bienfaisants. La Révolution russe de 1917 fut un cataclysme vengeur du régime d’opprobre et d’impérialisme tsariste.

La Bourgeoisie et le Capital s’écrouleront bientôt dans un formidable cataclysme.


CATÉCHISME. n. m. (du grec : Katechismos). Au sens général : instruction élémentaire d’une morale religieuse. Il serait pourtant erroné de penser que le catéchisme ne se borne qu’à l’enseignement de la foi chrétienne. Une telle définition du catéchisme serait incomplète. De nos jours où la religion chrétienne, ou plutôt les religions dites « révélées » perdent de leur influence, et sont remplacées par des religions plus modernes, le nombre des catéchismes s’est multiplié. Chaque doctrine a le sien, dans lequel on s’attache à pénétrer l’esprit de l’enfant d’une foi, qui n’admet, naturellement, ni réplique, ni analyse. Les catéchismes varient selon les besoins de la cause.

Nous savons que durant la guerre, son Éminence le Cardinal archevêque de Paris, afin de concilier ses vertus très saintes et ses devoirs patriotiques de Français n’hésita aucunement à retrancher du catéchisme chrétien ces paroles du Christ : « Tu ne tueras point ». Dans le domaine patriotique et national, le catéchisme que l’on enseigne aux enfants dans les écoles, s’applique à faire naître dans les jeunes cerveaux malléables, l’amour du pays où l’on est né et la haine de l’étranger. Il prépare moralement les boucheries futures. « Tu tueras et tu mourras pour sauver ton pays ». Ce pourrait être le frontispice du catéchisme nationaliste. Il y a également des catéchismes révolutionnaires et nous assistons malheureusement au spectacle douloureux d’hommes sincères et dévoués qui, catéchisés par des maîtres en la matière, croient fermement défendre les intérêts de la classe ouvrière, de leur classe, en s’inspirant d’un catéchisme qui n’est souvent composé que d’un tissu d’erreurs et d’aberrations. L’enseignement catéchistique est donc contraire à la science et à la logique et ne peut former, au point de vue intellectuel, que des individus aveugles et fanatisés.


CATÉGORIE. n. f. (du grec : Kategoria, attribut). Classification des objets, des idées et des individus de même espèce. La catégorie est le résultat de recherches, d’inventaires et doit frapper par sa clarté et par sa précision. Un homme et un arbre sont de catégories différentes. Pourtant les catégories peuvent, à leur tour, donner naissance à des subdivisions. De même qu’il y a plusieurs catégories dans le domaine philosophique il y en a plusieurs dans le règne végétal ou animal. Si l’on peut ranger tous les humains dans la même catégorie, relativement aux plantes, on peut ensuite classifier par couleur, par race les divers habitants de la terre et former de la sorte des catégories humaines. Il en est de même pour les animaux et les végétaux. On ne peut évidemment associer dans une même catégorie le végétal et l’animal et en conséquence il est assez facile de tracer une ligne de démarcation entre les diverses catégories.


CATHOLICISME. n. m. Voir : Religion, et aussi, Église, Jésuites, Papauté.)


CAUSALITÉ. n. f. Affirmation et notion de la cause ; vertu par laquelle une cause produit un effet. Il n’y a entre ces choses aucun rapport de causalité. Principe de causalité : Principe en vertu duquel on rattache un effet à sa cause. ― Une des catégories de Kant, comprise dans la relation. Chez la plupart des philosophes qui ont embrassé dans leurs spéculations l’ensemble de l’intelligence et qui ont construit ou tenté d’édifier un système complet, nous trouvons la catégorie de causalité. Ces catégories sont les idées nécessaires, sans lesquelles la pensée ne saurait s’exercer. La Causalité a donc toujours été considérée comme un des modes les plus importants, les plus essentiels de l’esprit.


CAUSE. n. f. (du latin : Causa). Principe d’une chose, ce qui fait qu’elle existe. Ce mot exprime une idée essentielle, une des idées fondamentales de l’esprit humain, et, par la notion qu’il représente, il appartient au langage philosophique. Une cause est tout ce qui est capable de produire un mouvement déterminé. On ne peut parler de « cause première » dans le domaine de la matière qui présente un enchaînement de causes et d’effets. Or, dans ce domaine où tout est successivement effet et cause, la cause première, si elle était, serait indépendante, absolue, donc éternelle et donnerait naissance à d’autres causes, dépendantes, relatives, ce qui est absurde. La matière présente donc l’image de l’indépendance éternelle et elle ne renferme