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nombre de transactions engagées. — Il ne reste alors qu’un solde à la charge du vendeur ou de l’acheteur pour la réalisation duquel les intermédiaires s’adressent à des tiers qui s’occupent de ce genre de placement particulier. Cette opération constitue une espèce de prêt sur titres.

Les autres opérations de Bourse sont le cours (titres et monnaies), la vente à découvert, la spéculation, l’arbitrage, l’agio, l’agiotage, le change, le pair, vente et achat des devises.

Cours. — La constatation officielle du cours s’opère au moyen de l’établissement d’un Bulletin officiel de la Bourse, qui prend le nom de cote, quand il s’agit de fonds publics (ou de prix courant lorsqu’il s’agit de marchandises : Bourses de Commerce).

Les cours varient selon que les opérations sont faites au comptant ou à terme.

Le premier cours n’est rendu public qu’après la fermeture de la Bourse. En fait, il est toujours connu pour permettre la spéculation. Le dernier cours, qui est plutôt conventionnel, est déterminé par la Chambre des Agents de change.

On obtient le cours moyen — qui sert pour les opérations qui se feront jusqu’au premier cours du lendemain — en totalisant le premier et le dernier cours et en divisant la somme par deux.

Il y a aussi le cours de compensation qui est fictif. Il sert de base de règlement entre acheteurs et vendeurs qui continuent leur opération d’une liquidation sur l’autre en se faisant reporter. Il clôt le compte de liquidation écoulé et fixe le point de départ de la nouvelle liquidation.

Vente à découvert. — Vente de valeurs qu’on ne possède pas au moment de la vente et qu’on espère acquérir pour la date de livraison. Souvent ces opérations, non réalisées, donnent lieu à contestations et procès.

Spéculation et arbitrage. — La spéculation est une opération qui a pour but de faire monter ou baisser exagérément le cours des valeurs ou des marchandises pour s’en débarrasser ou les acquérir avec profit.

L’arbitrage est une opération par laquelle un banquier ou un commerçant cherche à utiliser les écarts de prix sur une même marchandise ou une même valeur sur des marchés différents. — L’arbitrage peut également s’appliquer aux effets de commerce, aux monnaies et métaux précieux, aux diamants, etc…

Supposons que le papier, par exemple, soit bon marché à Paris et qu’il ne soit que bon marché relatif à Berlin ou à Amsterdam : le banquier pourra acheter des effets de commerce sur Berlin ou Amsterdam et il achète sur ces places du papier qu’il revendra à Paris, il fera baisser le papier sur l’une des deux places. Les arbitrages prennent encore la forme d’opérations à terme sur marchandises. Pour les céréales, café, coton, etc., le commerce y recourt chaque jour.

Agio. Agiotage. — L’agio est la différence qui existe entre la valeur nominale et la valeur réelle des monnaies. C’est aussi le bénéfice qui résulte de l’échange des valeurs. — On donne le nom d’agio à la spéculation sur les effets publics.

L’agiotage. — Contrairement à la spéculation, qui est considérée comme une opération régulière, l’agiotage est un pari où les joueurs trichent s’ils le peuvent. — On traite généralement à terme avec l’espoir de ne pas prendre livraison des valeurs ou marchandises achetées ou avec l’intention de ne pas vendre ce qu’on a rendu et qu’on ne possède souvent pas.

Change. — Le change dépend au mouvement des affaires entre les principales places de commerce, c’est-à-dire de l’offre et de la demande du papier. Les variations des cours du change donnent naissance à l’arbitrage.

Pour se rendre compte de la valeur du change public chaque jour, il faut connaître le pair, qui indique la valeur des étalons monétaires de chaque pays, par rapport à la valeur de l’étalon du pays où on se trouve.

Il y a deux sortes de change : le change manuel ou local, qui se fait de la main à la main, sur une même place, à la même heure, et le change tiré, qui s’opère par lettre de change.

En dehors des Agents de change qui opèrent au marché officiel, fermé, il y a les coulissiers, changeurs, qui effectuent des opérations sur le marché libre. Ils emploient eux-mêmes des courtiers et remisiers qui servent d’intermédiaires entre eux et les clients.

Bourses de Commerce. — Les Bourses de Commerce sont le lieu où se traitent : la vente des matières métalliques, la vente des marchandises de toutes sortes, les assurances maritimes, les effets publics.

Ces opérations peuvent être classées en deux grandes catégories : les négociations sur les marchandises et les négociations sur effets publics. Il convient donc de distinguer entre les Bourses de marchandises et les Bourses d’effets publics.

Dans les Bourses de marchandises, les intermédiaires qui servent à la conclusion des marchés sont des courtiers. Ils jouent un rôle analogue à celui des Agents de change. Ils n’agissent toutefois pas pour le compte des clients, ils se bornent à prêter leur entremise, à mettre en relations acheteurs et vendeurs. Les résultats des opérations faites dans ces Bourses, le caractère des demandes et des offres, déterminent le cours des marchandises.


De même que la Bourse des valeurs permet toutes sortes de transactions plus ou moins licites, la Bourse de Commerce permet des opérations de spéculation qui ont souvent de redoutables conséquences économiques.

Ce sont ces organismes qui, pour l’achat à terme, permettent aux spéculateurs de stocker et de réaliser sur le dos du public des bénéfices scandaleux. Tantôt, ils provoquent la raréfaction, tantôt ils jettent sur le marché des quantités énormes de marchandise, ce qui provoque des crises de prix dont le consommateur fait tous les frais.

À plusieurs reprises, notamment à Paris, le gouvernement ordonna la fermeture de la Bourse de Commerce, véritable officine d’agiotage au lieu d’être un régulateur des cours sur des bases raisonnables correspondant aux disponibilités et aux besoins en marchandises.

La Bourse des valeurs et la Bourse de Commerce sont à la vérité entre les mains des banquiers. Ce sont eux qui dirigent ici et là, ouvertement ou non, les opérations non pas dans l’intérêt public, mais dans leur intérêt propre, ce qui est tout différent, comme chacun sait.

Si les Coopératives de production et de consommation étaient plus nombreuses et pouvaient jouer leur rôle, les Bourses de Commerce auraient vécu.

Banques et Bourses sont les piliers du régime actuel. C’est là que réside la véritable puissance. Pour les atteindre, les faire disparaître, il faut s’en prendre au régime lui-même.

Ce ne sera fait qu’après la prise des moyens de production et d’échange par les travailleurs. — Pierre Besnard.


BOURSE DU TRAVAIL. La Bourse du Travail est un organisme ouvrier qui groupe dans son sein tous les Syndicats d’une même localité et coordonne leur action sociale. Elle a pour but, dans le cadre actuel, d’unifier les revendications des travailleurs des diverses professions et de tenter de les faire aboutir ; d’étudier et de propager l’action du syndicalisme dans les centres industriels et agricoles ; de réunir les éléments