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tinction. Il en est qui s’attaquent à la propriété bourgeoise dans le seul but de s’approprier cette propriété sans effort et qui sont animés des mêmes vices et des mêmes égoïsmes que la classe possédante. Ces bandits-là ne sauraient pas nous intéresser énormément. Seuls les moyens employés pour jouir des richesses changent, mais la mentalité reste la même. Mais il est une autre catégorie de « bandits » dont nous sommes prêts à prendre la défense envers et contre tous : ce sont les malheureux qui, pour manger à leur faim ou pour se soustraire à une tyrannie intolérable, entrent en guerre contre la société. Ceux-là sont des victimes de l’état actuel des choses et on ne saurait les blâmer à la légère d’avoir recours à des solutions extrêmes.

Pour les anarchistes ce ne sont plus des « bandits », mais des infortunés qui défendent leur droit à la vie, leur part de soleil et de lumière. Ce sont des victimes qui se révoltent et ne veulent plus accepter leur fardeau de misère. Ils sont à plaindre, à aider, et non à condamner comme des bêtes féroces. ― Est-ce à dire qu’il n’existe, somme toute, pas de « bandits » sur notre planète, de véritables bandits ? Non, loin de là. La société est malheureusement infestée de vautours sans scrupules qui sèment la misère et le deuil : ce sont les exploiteurs de tout acabit, bandits légaux qui détroussent leurs contemporains sous l’œil complice des gendarmes. Bandit : le directeur d’usine qui s’enrichit sur le dos d’ouvriers qui trimeront pendant toute leur existence et qu’on laissera crever comme des chiens le jour où, vieillis et usés, ils ne pourront plus résister à la fatigue de l’atelier. Bandit : le banquier qui berne de pauvres diables, leur arrache des économies durement acquises et les ruine dans des spéculations de bourse. Bandit : l’homme d’état qui déclenche une guerre où seront massacrés de naïfs travailleurs. Voilà les véritables bandits, ceux qu’il ne faut pas cesser de démasquer.


BANNISSEMENT. n. m. Le bannissement est une peine qui consiste à interdire à un national le séjour de son pays. Le bannissement ne peut durer moins de cinq ans et plus de dix ans. Il emporte la « dégradation civique ». Les lois bourgeoises frappent du bannissement : les « crimes » contre la patrie ; les attentats des ministres contre la liberté individuelle ; les coalitions de fonctionnaires pour résister à l’exécution des lois ; les « crimes » commis par ceux qui, condamnés à une peine « afflictive et infâmante », ont commis un second « crime » emportant comme peine principale la dégradation civique. Le bannissement emporte défense de rentrer sur le territoire (la contravention à cette défense s’appelle infraction ou rupture de ban), puis interdiction de résider dans les lieux désignés par le gouvernement pendant un temps égal à la durée de la peine subie, à moins qu’il n’en ait été disposé autrement par l’arrêt ou le jugement de condamnation. La loi du 22 juin 1886 bannit les chefs des familles ayant régné en France, ainsi que leurs héritiers directs dans l’ordre de primogéniture, autorise le gouvernement à expulser, par décret en conseil des ministres, les autres membres des mêmes familles et leur interdit l’exercice tant des emplois civils et militaires que des mandats électifs.


BANQUE. Établissement public ou privé où s’effectuent les opérations d’argent nécessitées par les transactions commerciales. Il y a diverses sortes de banques : banques de dépôt et de virement, banques d’escompte, banque de circulation, banques d’émission, banques territoriales ou hypothécaires, banques agricoles, banques populaires ou d’avances et banques coopératives, banques de spéculation ou d’affaires.

Il y a enfin, dans chaque pays, une banque Nationale placée sous le contrôle de l’État, dont la direction est

nommée par lui. C’est l’Institut d’émission des billets et monnaies dont le chiffre de circulation est fixé par la loi.

Les banques ne sont apparues que vers la fin du xviiie siècle. Elles ne prirent vraiment pied qu’au commencement du xixe siècle. Elles découlent de la conception que Saint Simon avait du crédit des changes. Les premières firent faillite et ce n’est qu’après un temps qu’elles s’imposèrent définitivement et conquirent la faveur des commerçants et industriels.

De nos jours, chaque ville, si petite soit-elle, possède une et parfois plusieurs banques. Peu à peu, les banques ont augmenté leur sphère d’action et d’influence. Aujourd’hui, réunies en Cartels nationaux ou internationaux, elles dominent le monde. Ce sont les plus formidables puissances que nous ayons connues jusqu’à ce jour.

Leurs opérations sont multiples, le chiffre en est énorme.

Les banques sont administrées par un Régent ou gouverneur s’il s’agit d’une banque d’État, et par un Conseil d’administration s’il s’agit d’une banque privée.

Elles occupent un personnel nombreux : Directeur, sous-Directeurs, Fondés de pouvoir, Chefs de service, Employés de toutes sortes, encaisseurs, garçons, etc…, qui dirigent ou effectuent les opérations spéciales qui découlent de leurs attributions particulières.

Banque de dépôt et de virement. ― Une banque de cette nature borne son rôle à accepter des dépôts des particuliers, à exécuter sous forme de virement de compte, les ordres donnés par ses clients. Cette opération évite aux clients d’une même banque de se verser des fonds.

Banques d’escompte. ― Les banques d’escompte font des prêts aux particuliers : commerçants et industriels lorsque ceux-ci peuvent garantir le prêt par le dépôt d’un titre ou d’un effet représentant une opération de commerce : traite, billets à ordre, etc… La banque déduit du montant total d’une traite qui lui est présentée en dépôt l’escompte ou intérêt du capital jusqu’à échéance. Elle perçoit en outre un droit de commission et, s’il y a lieu, un droit de change si le titre est payable sur une autre place ou à l’étranger.

En général, on n’admet à l’escompte que les titres et effets dont les tirés sont connus solvables. Les banques d’escompte exigent en outre deux signatures, dont une de garantie.

La Banque de France, qui escompte aux autres banques et aussi aux particuliers, exige trois signatures, dont deux garanties. Si l’effet revient impayé, le tireur est tenu d’en rembourser le montant, ou, à son défaut, son ou ses garants. Les garants s’appellent en général : cautions.

Banques de circulation. ― Les banques de circulation sont des Établissements dont les effets sont payables à vue et remis, moyennant un intérêt, aux commerçants contre les effets de commerce garantis par la solvabilité ou une caution.

Banques d’émission. ― Les banques d’émission sont des Établissements qui, en vertu d’un privilège légal ou d’un droit commun reconnu, émettent des billets de banque. Elles font en général l’escompte et le dépôt.

En outre, on donne le nom de banques d’émission aux banques qui émettent des titres : actions ou obligations pour le compte de Sociétés ou Entreprises privées, après inscription à la cote de la Bourse aux valeurs. Ces banques sont, aussi appelées, banques de lancement. Elles touchent une commission ou prime pour placer ces actions ou obligations dans le public.

Banques territoriales ou hypothécaires. ― Ces banques font des avances sur biens-fonds ou sur hypo-