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sont recouverts d’arabesques et de sculptures, et les murs s’ornent parfois de fresques (Ajânta), qui représentent des scènes de la vie de Çakya-Mouni ou composent un décor floral et animal plein de grâce.

Le monastère ou « vihara » formé de cellules disposées autour d’une salle, fait suite à l’édifice sacré.

Les principaux temples souterrains ont été retrouvés à Bhaja, au Bikar, à Karli (entre Bombay et Puna), à Ajânta, à Ellora. Ce dernier comme le temple d’Éléphanta est consacré à divers cultes. On connaît d’autres monuments bouddhiques :

Les colonnes monolithes ou lâts, dont le chapiteau supporte un ou plusieurs animaux sculptés où sont inscrits les édits des rois. À Allahabad et à Delhi, ces piliers ont environ 13 mètres de haut ; ils comptent parmi les plus anciens monuments de l’Inde.

Le stûpa est une sorte de dôme hémisphérique, posé sur un soubassement cylindrique. Il indique que, les hindous n’ont pas connu la voûte proprement dite à joints convergents. Ils n’ont construit que des voûtes à assises horizontales, d’une extrême solidité. Ce monument procède sans doute de l’ancien tumulus dont il reproduit la forme et l’usage. C’est un monument funéraire important et haut. Une balustrade en pierre entoure cet édifice et quatre portes monumentales s’ouvrent dans la direction des points cardinaux. Couvertes de sculpture et de bas-reliefs sur toutes les faces, ces portes ont environ 10 mètres de haut sur 6 mètres de large. Les plus importants parmi ces monuments se rencontrent à Barhut, à Annavati, à Sarnath.

Le temple ou chaïtya, où s’assemblent les fidèles, quand il n’est pas souterrain, se compose d’une sorte de pyramide à plusieurs étages reposant sur un cube d’environ 8 mètres de haut sur 15 mètres de côté, comme celui de Buddha Gaya, qui, bâti au Ier siècle avant notre ère, contenait une statue de Bouddha en or et était entouré d’une balustrade sculptée rappelant les temples du Sud de l’Inde.

Le culte jaïna a donné naissance à un art très développé et d’une grande richesse. Les statues entièrement nues des jaïns, des saints vêtus de l’air, ornent les autels, les piliers et les tours des grands temples, dans la dentelle des pierres.

Plus tard, le brahmanisme exprimant son triomphe sur le bouddhisme, fait bâtir une multitude de temples somptueux qui couvrent l’Inde du Nord au Sud.

Si les proportions et chaque partie de ces monuments sont réglées d’après des conventions inviolables, la décoration témoigne d’une fantaisie et d’une liberté d’inspiration qu’aucun peuple n’a dépassée. Le temple domine le paysage sans jamais être écrasé par lui. On élève des constructions grandioses destinées, par la prédominance des lignes verticales sur les lignes horizontales, à produire par leur hauteur une impression d’élan vers l’espace céleste. Un mur d’enceinte percé de plusieurs portes ornées entoure l’édifice. Bâti en pierres assemblées et taillées de façon si parfaite que le ciment n’a jamais été nécessaire, le temple comporte des murs d’une épaisseur énorme qui concourent à lui donner l’aspect de la puissance. Une forme bien définie : une base cubique supporte une tour pyramidale tronquée en son sommet et couronnée d’une sorte de petit, dôme cotelé. Un porche surmonté lui-même d’une tour de même style mène aux salles intérieures. Toute la façade est couverte de sculptures et d’une ornementation si riche qu’en nul endroit la pierre nue n’apparaît. Il semblerait que la Renaissance française ait pris ses formes et sa décoration dans les portes et les pilastres de ces temples.

Les principaux monuments de l’époque néo-brahmanique sont : le temple de Bhavanesvar, qui par suite

d’adjonctions successives possède plusieurs tours semblables de 50 mètres de haut. Il date du vie siècle ; le temple de Rajanari, du xe siècle ; de Ranarak, dans la province d’Orissa ; une série d’une quarantaine de temples à Khajurao (du ve au xie siècles). Ils sont ornés chacun de milliers de statues et de motifs décoratifs extrêmement riches et variés ; de Mahoba, de Kalinger, de Rewak, de Teli-Mandir, de Shas-Bhao, de Chittor, de Nagda, etc…

Les Hindous brâhmanisants émigrèrent dès les premiers siècles avant notre ère au Cambodge, au Siam, à Java. Ils fondèrent de grands royaumes aux villes riches et prospères dont les ruines imposantes nous frappent d’étonnement et de magnificence. Le temple d’Angkor-Vat, au Cambodge, est le type le plus grandiose et complet qu’ait laissé cette civilisation. À Java, les monuments de Boro-Boudor présentent un saisissant aspect hindou, mais ne portent pas d’inscriptions permettant de les dater.

À la société aryenne de mœurs primitives a donc succédé cette société complexe et civilisée qui a bâti dans l’Inde ancienne d’immenses cités empreintes de goût, de bien-être et du luxe le plus exquis. Animées et fastueuses, ces villes sont ornées de palais et de temples si beaux, rapporte un texte, qu’on les eût dites « bâties par des génies ».

L’architecture chinoise ne donne pas l’impression de puissance et de durée que nous éprouvons dans les édifices d’Égypte et d’Inde. Le chinois emploie le bois et la brique plus volontiers que la pierre. Son architecture est bien spéciale. Elle se distingue de toutes les autres par ses superpositions de toitures et son caractère pyramidal. Elle est svelte, gracieuse, hardie. Inspirée par le souvenir lointain de la tente nomade, les toitures gardent la convexité des étoffes ou des peaux qui recouvraient la tente mongole et dont le poids courbait les cordes tendues. Les pointes recourbées aux angles du faîte sont l’image des crochets qui retenaient les mobiles couvertures de l’antique abri.

Vers le iie siècle avant notre ère, lorsque la Chine parvint à ce qu’elle considérait comme le maximum du bien-être et de la civilisation, elle eut le désir de repos, d’isolement et d’immobilité. Elle éleva sa grande muraille.

L’architecture chinoise est à peu près immuable, des réglementations étroites paralysent l’architecte. Ce dernier, dans les constructions n’a pas le droit de dépasser telles dimensions adéquates au rang social qu’occupe celui dont il est chargé d’édifier la demeure. En revanche, toute liberté en ce qui touche la décoration. Aussi fleurissent le caprice et la richesse dans la fantaisie du meuble d’un art et d’un luxe inouïs.

Parmi les constructions, le Temple de la lune à double toiture mérite d’être mentionné.

Pendant qu’en Égypte se fondait une civilisation appelée à subsister pendant de longs siècles, les peuplades asiatiques élevaient un empire qui devait laisser des traces gigantesques dans l’histoire du monde et de l’architecture : l’empire d’Assyrie et de Chaldée qui élevèrent deux villes gigantesques : Ninive et Babylone qui ont disparu complètement et dont les traces seules ont été retrouvées au xixe siècle, enfouies dans les sables. On y découvrit de véritables merveilles, les architectes avaient construit des palais gigantesques à Khorsabad, près de Mossoul.

Ninive sortit de l’oubli sur l’emplacement de Koyoundjik, et on y retrouva un palais immense orné de statues qui sont au musée du Louvre et qui passent pour les plus anciens spécimens de la statuaire.

Le peuple assyrien, très religieux, éleva des temples et des statues à ses dieux. Des palais à ses rois.