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LES ÎLES DANS

canadien-français se pencha sur les brisants, fit une seconde abatée, plongea fermement ses écubiers sous la lame, et sortit.

Pendant cette nuit-là, séparé de son escadre, l’amiral courut dans le sud ; puis, au matin, en reprenant sa bordée, il fit la rencontre du Swiftsure, qui lui apprit une partie de l’immense désastre que nous ne connaissons plus que sous le nom du « naufrage de l’Anglais. »

À ce rapport vint bientôt se joindre celui du capitaine Alexander, du Chatam. Il était navrant.

Huit gros transports de 2,316 tonneaux et trois quarts, — ancienne jauge, — l’Isabella Anne-Catherine, le Samuel et Anne, le Nathaniel et Elisabeth, le Marlborough, le Chatam, le Colchester, le Content et le Marchand de Smyrne étaient venus s’éventrer sur l’Île-aux-Œufs, pendant cette nuit terrible. Les capitaines Richard Bayley, Thomas Walkhup et Henry Vernon s’étaient noyés. Jusqu’à présent 884 cadavres jonchaient les criques de l’Île-aux-Œufs et les sables de la côte du Labrador. Trois frégates le Windsor, l’Aigle et le Montague n’avaient évité une perte totale, qu’en se réfugiant, sans le savoir, dans la passe où le Napoléon iii est ancré en ce moment. Par ce désastre, les régiments des colonels Windress, Kaine et Clayton, ainsi que celui du général Seymour, entièrement composés de vétérans de l’armée de Marlborough, se trouvaient presqu’anéantis : et l’on reconnut sur la grève deux compagnies entières des gardes de la reine, qu’on distingua à leurs casaques rouges[1].

  1. Vide Charlevoix, Histoire de la Nouvelle-France, Livre XV, page 357.

    D’après les numéros des lundis 10 et 23 juillet 1711 du Boston News-Letter, published by authority, les régiments embarqués sur les transports de l’amiral Walker, étaient ceux