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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

Néanmoins, depuis quelques années Saint-Paul a perdu de sa sauvage réputation. Le gouvernement y a fait construire deux tours blanches, octogones, dont l’une, bâtie sur le rocher vis-à-vis la pointe nord-est de Saint-Paul, donne une lumière blanche, fixe, masquée entre nord quart-est-quart-est et est-nord-est, tandis que l’autre, érigée sur la pointe sud-ouest de l’île, donne un éclat blanc toutes les minutes. Le ministère de la marine a complété cette œuvre philanthropique, en faisant construire un sifflet d’alarme sur le côté sud-ouest de l’anse de l’Atlantique, à un demi-mille à peu près de l’établissement de secours. Pendant les temps couverts et les tempêtes, ce sifflet se fait entendre toutes les minutes.

Les trombes ne sont pas fréquentes dans le golfe Saint-Laurent ; mais elles y sont d’une violence inouïe. Le 16 août 1876, Saint-Paul fut dévasté par un de ces cataclysmes atmosphériques, et je ne saurais mieux faire que de reproduire ici le récit officiel de cette catastrophe, tel que transmis par le gardien du phare au ministère de la marine, à Ottawa.

« Du 1er au 16 août, nous n’avions eu ni pluie ni nuages pour tempérer les brillants rayons du soleil. Finalement l’atmosphère se remplit d’une fumée si épaisse, qu’on eût dit que la terre entière était en feu. Le 16, le temps changea ; le vent passa au N. N. E. avec grain de pluie. La fumée, qui depuis quelques jours était devenue insupportable, se dissipa, et nous espérâmes du beau temps. Dans la matinée du 17, le vent souffla de l’est ; le soleil fut très-chaud. Dans l’après-midi, le vent passa au S. O. avec grain de pluie. Le matin du 18,