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LE GOLFE SAINT-LAURENT.

MM. Jobin, Blanchet et Roza, ont accompli un véritable tour de force, en taillant dans le roc une tranchée perpendiculaire, haute de 121 pieds et large de 28. Elle permet à une grue de faire mouvoir une boîte, suspendue à un câble en fil de fer : dans cet élévateur on dépose les effets destinés au phare, lorsque la mer ne brise pas trop de ce côté.

Lors de notre passage au Rocher, en 1873 ; la population de l’île se composait de quatre femmes et d’une petite fille.

Tout ce qui méritait d’être vu ou étudié sur le Rocher-aux-Oiseaux, l’avait été par nous. Il ne nous restait plus qu’à refaire le précipice, où nous nous engageâmes allègrement, escortés en route par quelques morceaux de coke anglais, provenant d’un quart, arrêté dans son ascension par une anfractuosité du rocher, et que maître LeBlanc, attaché au bout d’une forte corde, s’en était allé défoncer à grands coups de hache. Au milieu de ce bombardement d’un nouveau genre, nous descendions le plus vite possible, qui ayant des chapelets d’œufs enroulés autour du cou, qui des peaux d’oiseaux suspendues derrière lui par des bouts de ficelles ; chacun évitant les projectiles qui lui passaient le long des oreilles, et tous arrivant tant bien que mal au pied du rocher, où notre équipage nous attendait, en défendant les flancs de la baleinière contre la morsure de la falaise.

L’opération du ravitaillement était finie : mais pour y arriver, que de courage et de mépris de la fatigue n’avait-il pas fallu à nos braves matelots ? Dans l’eau jusqu’au cou, les uns empêchent les chaloupes de frapper avec le ressac ; les autres, aident à débarquer et à rouler sur