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LE MAHA-BHARATA.

héros, au sujet de cette forêt ; car cette terre fut toujours accoutumée à nous, qui habitons dans ses bois. 1573.

» Comment cette demeure incommode a-t-elle pu te plaire ? C’est à nous, homme riche en mortifications, d’habiter cette forêt, peuplée d’êtres nombreux. 1574.

» Ta grandeur est semblable au feu, bien délicate, accoutumée au plaisir, comment erres-tu seul dans ces bois solitaires ? » 1576.

« J’ai placé mon appui dans mon arc Gândîva et dans mes flèches de fer, pareilles à des serpents, lui répondit Arjouna, et j’habite dans cette grande forêt, comme un second Kârttikéya. 1576.

» C’est moi, qui ai frappé ce grand être, qui avait pris la forme d’une bête sauvage, ce Rakshasa épouvantable, qui était venu ici pour me tuer ! » 1577.

« Il a été frappé d’abord par les traits, qu’a décochés mon arc, repartit le Kirâta : il gît, atteint par moi, qui l’ai jeté dans les demeures d’Yama. 1578.

» En but à mes flèches d’abord, il est devenu mon butin ; c’est un coup de moi, qui a déraciné sa vie. 1579.

» Ne viens pas, enivré de ta force, renvoyer ta maladresse à un autre ! Tu es un orgueilleux ; insensé, tu ne m’échapperas point vivant ! 1580.

» Tiens ferme ! Je vais lancer mes flèches comme des foudres. Marche avec la plus haute vigueur et décoche aussi tes flèches ! » 1581.

À ces paroles du montagnard, Arjouna d’allumer sa colère et de le frapper de ses dards. 1582.

Celui-ci reçut les traits d’une âme joyeuse : « Encore ! encore ! » disait-il ; et : « C’est lent ! c’est lent ! répétait-il. 1583.