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LE MAHA-BHARATA.

visages, fit cette question à sa mère, après qu’il se fut assis en particulier seul avec elle : 6242.

« Quel est cet exploit, que veut accomplir Bhîma à la force épouvantable ? A-t-il désiré faire cela de lui-même ? Ou ta grandeur lui en a-t-elle inspiré le désir ? » 6243.

« C’est d’après mon conseil, reprit Kountî, que Bhîma, terrible aux ennemis, s’est chargé de cette grande affaire pour le salut du brahme et la délivrance de la ville. »

« Quelle est cette haine violente, amère, que ta grandeur a conçue, repartit Youddhishthira ? Les hommes de bien ne donnent pas des éloges à la mère, qui abandonne son fils. 6244-6245.

» Comment veux-tu sacrifier ton fils pour le fils d’un autre ? Ce renoncement d’une mère à son fils est une violation des lois du monde ! 6246.

» Lui, sous le bras de qui nous reposons tous paisiblement et par qui nous voulons reconquérir ce royaume, que des princes vils ont usurpé ; 6247.

» Ce héros, à la force sans mesure, de qui la vigueur, infectant leur âme de chagrins, empêche de reposer toutes les nuits Douryodhana et Çakouni ; lui, par l’énergie duquel nous avons été sauvés de cette maison de laque, où furent consumés Pourotchana et d’autres scélérats ; 6248-6249.

» Lui, grâce à la valeur de qui nous regardons comme déjà terrassés les fils de Dhritarâshtra et comme déjà conquise elle-même cette terre, si pleine de richesses ?

» Quelle pensée te pousse à sacrifier ton fils ? Est-ce que les chagrins ont altéré ton intelligence au point cpie tu en as perdu l’esprit ? » 6250-6251.

« Youddhishthira, lui répondit Kountî, il ne te faut