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ADI-PARVA.

» J’ai donné l’être à des enfants, je suis vieille, mon unique désir fut toujours de faire ce que tu avais comme agréable : c’est la considération de toutes ces choses, qui m’inspire une telle résolution. 6176.

» En effet, quand tu m’auras laissée, tu prendras, noble brahme, une autre épouse, et le devoir continuera ensuite pour toi dans une seconde évolution. 6177.

» Car ce n’est pas une faute pour les hommes que d’avoir été l’époux de plusieurs femmes ; mais bien grande, éminente personne, est la faute des femmes, qui sautent d’un premier époux aux bras d’un autre. 6178.

» Considérant toutes ces choses et que trancher le fil de ses jours est un crime, hâte-toi de sauver ta vie aujourd’hui même, et ta race, et ces deux enfants. » 6179.

À ces mots, reprit Vaîçampâyana, son époux, l’ayant embrassée, fils de Bharata, saisi de la plus vive douleur, versa lentement des larmes avec elle. 6180.

Aussitôt qu’elle eut ouï ces paroles excessives de ses désolés parents, la jeune fille leur tint ce langage, son corps tout enveloppé de chagrin : 6181.

« Pourquoi vos révérences gémissent-elles, plongées dans la plus grande affliction ? Qu’elles écoutent mes paroles et fassent ce qui est à propos. 6182.

» Suivant la loi, je puis être abandonnée ; abandonne-moi donc, moi dévouée à l’abandon, et sauve tout avec la perte de moi seule. 6183.

» Pourquoi désire-t-on un enfant ? C’est que l’on dit : « Il me sauvera ! » Voici le jour venu, sauvez-vous par moi comme sur un navire. 6184.

(Un fils sauvera du malheur, ou dans ce monde ou dans l’autre ; il sauvera de toute manière ; c’est pour cela, Bha-