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LE MAHA-BHARATA.

sacrifices, de macérations, de jeûnes et d’aumônes. 6166.

» C’est là ce que j’ai envie d’accomplir, ce devoir, qui est regardé comme le premier : satisfaire à ce qui est dans les désirs et pour le bien de ta famille et de toi-même. 6167.

« Des enfants aimés sont des richesses, de chers amis ; mais une épouse, estiment les sages, est pour nous sauver dans les devoirs, que lui impose l’infortune. » 6168.

» Qu’un homme conserve ses richesses à cause de l’infortune, qu’il emploie ses richesses à conserver sa femme ; mais qu’il n’épargne jamais, ni sa femme, ni ses richesses pour la conservation de soi-même. 6169.

» Une épouse, un fils, des richesses, une maison, il faut acquérir tout cela pour la jouissance des choses visibles et invisibles : ainsi l’ont décidé les sages. 6170.

» D’un côté, sa famille entière ; de l’autre, son âme seule, ne sont pas du même poids dans la balance, incrément de ta race, ainsi l’ont décidé les sages. 6171.

» Fais ce que je propose de faire ; sauve-toi toi-même : donne-moi congé pour m’en aller chez l’anthropophage, noble brahme, et protège mes deux enfants. 6172.

» Les jurisconsultes ont déclaré en statuant sur les devoirs : « Il faut respecter la vie des femmes ! » Or, les Rakshasas eux-mêmes, dit-on, savent quels sont les devoirs : celui-ci ne me tuera donc pas ! 6173.

» La mort des hommes est assurée chez lui, mais celle des femmes est incertaine : partant, accorde-moi d’aller en sa demeure, ô toi, qui sais le devoir. 6174.

» J’ai trouvé ici la nourriture, j’y ai goûté des plaisirs, tu m’as rendu mère d’enfants chéris, j’aurai accompli un grand devoir : la mort ne me sera pas une peine. 6176.