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LE MAHA-BHARATA.

« Les Rakshasas se rappellent, dit Bhîma, chemin faisant, une ancienne inimitié, quand ils peuvent recourir aux armes de leur magie fascinante : va donc aussi, toi, Hidimbâ, dans le sentier, que suit maintenant ton frère ! »

« Bhîma, ne tue pas une femme dans la colère même, reprit Youddhishthira : observe le devoir, fils de Pândou, qui est supérieur à la conservation de ta personne. 6042-6043.

» Tu as tué le robuste Démon, qui nourrissait des pensées de mort ; tu en avais le droit : mais, quant à la sœur du Rakshasa, que peut-elle faire contre nous dans sa colère même ? » 6044.

Alors Hidimbâ, les paumes de ses mains réunies au front, saluant Kountî et le fils de Kounti, Youddhishthira, leur tint ce langage : 6046.

« Noble dame, tu sais que l’amour est dans ce monde le malheur des femmes : je suis tombée dans cette infortune, où m’a poussée Bhîmaséna, illustre dame. 6046.

» Le temps est venu pour moi de souffrir cette affliction suprême ; mais j’espère que le temps fera lever aussi pour moi l’astre du plaisir. 6047.

» J’ai abandonné mes amis, mes parents, les devoirs de ma condition pour choisir le prince, ton fils, comme époux, illustre dame. 6048.

» Si le héros me repousse, ou toi, femme à la haute renommée, il est impossible que je vive : je te le dis en vérité. 6049.

» Pense de moi : u Ou c’est une folle ! » ou : « C’est un cœur, qui aime ! » ou : « C’est ma servante ! » et daigne avoir compassion de moi, femme de caste supérieure.

» Marie-moi avec cet époux, ton fils, dame éminente ;