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LE MAHA-BHARATA.

Draâupadî lui répondit :

« La cupidité est la ruine de la vertu, roi vénéré. Je ne puis rien solliciter davantage ; je ne suis pas digne de recevoir une troisième grâce, ô le plus vertueux des rois. 2413.

» On dit qu’il faut donner une seule grâce au vaîçya, deux à la femme du kshatrya, trois au roi, Indra des rois ; mais que le brahme peut recevoir cent grâces. 2414.

» Sauvés du malheur, où ils étaient plongés, ces miens époux, sire, goûteront maintenant la douceur des biens, grâce à ton œuvre sainte ! » 2415.

Karna dit alors :

« Nous avons ouï parler des femmes estimées pour la beauté parmi les hommes ; mais de laquelle avons-nous jamais entendu raconter une si belle action ? 2410.

» Au milieu des enfants irrités de Dhritarâshtra et de Kountî, Draâupadi la noire fut ici le salut des fils de Pândou. 2417.

» Dans ce déluge sans borne, où ils allaient périr submergés, Pântchâlî fut le navire, qui, sauva les fils de Pândou ! » 2418.

À peine eut-il entendu ces mots, prononcés au milieu des Kourouides, que les fils de Pândou n’avaient eu pour asile que le sein d’une femme, Bhîmaséna, bouillant de colère, s’écria, l’âme exaspérée : 2419.

» Dévala nous a dit : « L’homme porte à sa couronne trois fleurons : un fils, les bonnes œuvres, la science sacrée, d’où sont émanées les créatures. 2420.

» L’homme se survit à lui-même dans le premier, quand son corps privé de vie, délaissé par le souffle de l’existence, abandonné par sa famille, est cédé à la pourriture. »